Télémédecine : le GHT des Alpes du Sud passe en 3.0

S’appuyant sur une dizaine de projets conduits depuis plusieurs années, le GHT Alpes du Sud vient de dévoiler sa stratégie de télémédecine. Les objectifs poursuivis sont relativement ambitieux puisqu’en à peine dix-huit mois le groupement souhaite par exemple réduire de 15% les coûts de transport et diminuer dans les mêmes proportions le nombre d’hospitalisations évitables des résidents en Ehpad.

Dans ce territoire essentiellement montagneux qui couvre les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence, les temps d’accès aux pôles hospitaliers sont importants. Et même si le territoire n’est que peu densément peuplé, les établissements du secteur couverts par le groupement peuvent très vite être saturés en période touristique.

 

La télémédecine rendue nécessaire par la topographie

 

La télémédecine n’est donc pas ici une nouveauté, elle est même plutôt une nécessité comme le souligne Yann Le Bras, directeur du GHT Alpes du Sud : « Compte tenu de la configuration du territoire, il faut gagner du temps lors de la prise en charge du patient. Le temps que le SMUR arrive, l’ambulancier peut avoir un dispositif de télémédecine et transférer au centre 15, au médecin régulateur ici, les premières données du patient, voire de l’image aussi, et l’aider à bien projeter la prise en charge du SMUR, les premières indications, et prendre les bonnes décisions. »

 

Couvrir l’ensemble des spécialités

 

Yann Le Bras, DG du GHT Alpes du Sud

« Nous avions déjà des équipes qui la pratiquaient depuis longtemps, dit-il, avec notre schéma directeur territorial de télémédecine, notre objectif est désormais de couvrir l’ensemble des spécialités ». L’ensemble des spécialités, mais également l’ensemble du territoire : « Nous avons déployé des dispositifs de télémédecine connectés à notre service d’accueil d’urgence dans des lieux très éloignés, très isolés, comme par exemple au refuge des Écrins, à 3 000 m d’altitude, où beaucoup de monde passe durant la période touristique. Si c’est possible là-bas, ça l’est presque partout ! ».

 

Structurer les investissements et les axes de mutualisation

 

Pour le groupement, la nouvelle stratégie de télémédecine doit conduire à une évolution des fonctionnements. Directeur adjoint du centre hospitalier intercommunal des Alpes du Sud, Jean-Michel Orsatelli en précise les contours : « Au-delà de nos priorités médicales ou médico-sociales, la démarche conduite avec “GHT 3.0 Alpes du Sud” va nous permettre de structurer encore plus efficacement nos plans d’investissement en identifiant les axes de mutualisation à envisager. Notre programme comporte 23 actions clés couvrant les champs organisationnels, économiques, techniques, juridiques et conduite du changement. Nous suivrons la mise en œuvre de ces actions grâce à des indicateurs d’évaluation pilotés par le Comité Télémédecine du groupement ».

 

Conception d’un schéma directeur territorial de télémédecine

 

Le GHT a fait appel à un AMO afin de réaliser un schéma directeur territorial de télémédecine. « Il sera bâti sur un état des lieux et un diagnostic des projets et services de télémédecine identifiés sur le territoire du groupement, explique Julien Larfouilloux, directeur de projets de Catel, centre de ressources et d’expertise e-santé, puis nous procèderons à la définition d’actions d’optimisation de la démarche télémédecine mise en place pour aboutir à une réelle stratégie à court et moyen terme ». Pratiquement, la stratégie télémédecine du GHT et les services associés s’appuient sur différents types de matériels adaptés aux objectifs visés : tablettes pour la téléconsultation en EHPAD ou en HAD, mallettes intégrant des dispositifs connectés pour les urgences. Pour le groupement, les incidences ne sont pas que financières.

 

L’accompagnement du changement, un enjeu crucial

 

Pour Julien Larfouilloux, le principal impact est organisationnel : « Il touche progressivement un nombre croissant de pratiques et d’équipes, qu’elles soient médicales ou administratives. L’enjeu n’est pas tant d’évaluer les moyens financiers à mobiliser que d’accompagner le plus tôt possible le changement pour adapter les organisations. “Parachuter” dans un service un outil de télémédecine au seul prétexte qu’il est extraordinaire sera voué à l’échec sans accompagnement des professionnels et des équipes de l’établissement pour cadrer les adaptations de son utilisation ». Selon lui, les coûts peuvent s’accumuler sans en tirer aucun bénéfice : « Les travaux que nous menons sur la stratégie du groupement mettent fortement l’accent sur les enjeux, les actions d’accompagnement au changement et de pilotage des projets pour pérenniser la mise en œuvre de services de télémédecine ».

 

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