L’UV chasse les bactéries et la chimie au CH Haguenau

Le centre hospitalier d’Haguenau a testé deux types de solutions de désinfection par rayonnement ultraviolet. Une alternative aux produits chimiques bien plus efficace au vu des résultats et qui parait convaincre toute l’équipe. Reste à financer ces outils qui désinfectent à 99%.

© CH Haguenau

Éviter les maladies nosocomiales est un défi de chaque jour pour un médecin hygiéniste en milieu hospitalier. Alors quand Olivier Meunier, médecin, biologiste, qui travaille depuis 20 ans sur l’hygiène hospitalière , croise des fournisseurs de solutions de désinfection par UV au congrès de la Société française de l’hygiène hospitalière en 2021, il décide de tester ces machines dans son établissement, le CH Haguenau (Bas-Rhin). « Ici, nous avons toujours eu le souci de l’écoresponsabilité », contextualise celui, qui sait que la désinfection par UV est déjà utilisée en milieu hospitalier à l’étranger. Pour se faire une opinion, il sollicite des prêts de machines et se lance dans une étude sur leurs effets.

De la chambre de réa aux jouets

Lampe UV © CH Haguenau

S’il existe des robots et des machines aux allures de fer à repasser, le CH Haguenau expérimente deux autres types de solutions depuis plusieurs mois. D’une part un système de lampe, un peu ressemblant à une tige à perfusion d’1,7m de haut, capable de traiter dans un rayon de 2,5m. Après le nettoyage, elle est placée dans une chambre, « pour trois cycles de trois minutes entre la fenêtre et le lit, entre le lit et la porte, et enfin dans la salle de bain, » détaille le médecin hygiéniste, qui mène son enquête dans le service de réanimation. Le système nécessite de libérer les lieux pendant le passage de la machine.

D’autre part, un caisson qui ressemble à une vitrine réfrigérée de cantine. Testé en pédiatrie, on y place les jouets des enfants, qui jusque-là devaient partir en quarantaine ou être désinfectés à la main. Là après seulement quelques minutes de traitement, le joujou peut passer dans les mains d’autres bambins. L’équipe gagne du temps et les enfants en sourire.

Des équipes vite convaincues

Dans le cadre des deux tests à chaque fois sont comparés les quantités de bactéries présentes après un nettoyage, après un nettoyage et une désinfection classique, ou après rien, suivi, ou pas, d’une désinfection aux UV. Le résultat est sans appel. « On passe de 90 à 99 % de désinfection », se réjouit Olivier Meunier qui a publié trois articles à ce sujet dans la revue « Hygiènes » pour partager les résultats avec la communauté scientifique.

Le docteur Olivier Meunier

Aujourd’hui, le CH Haguenau a investi dans un caisson, mais avec un modèle gros comme un four à micro-ondes, soit plus petit que celui testé. Pour les lampes, il faut encore mesurer les enjeux économiques, écologiques et organisationnels avant de suggérer un investissement. L’engin est facile à manipuler, selon Olivier Meunier, qui se réjouit que le personnel se l’approprie rapidement.

« Avec les lampes, on rajoute une couche de désinfection. C’est court, cela modifie peu le planning », argumente Olivier Meunier, qui remarque également que les équipes sont très motivées par l’engin : « elles sont ravies de ne plus avoir à manipuler de chimie. Elles sont prêtes à changer leurs habitudes car la solution est plus efficace et écoresponsable », assure-t-il.

Qualité x 10

L’hôpital compte désormais évaluer la quantité de produits évités ainsi que le retour sur investissement. « On limite la chimie et on améliore la qualité du bionettoyage d’un facteur 10 », renchérit le médecin hygiéniste avant même le calcul du retour sur investissement financier. « J’ai l’impression qu’une seule machine revient au coût des produits chimiques pour un an », estime-t-il au doigt mouillé.

Très motivé, Olivier Meunier évangélise les foules autour de lui. Il dit avoir déjà parlé de cette innovation devant des clubs du Comité pour le développement durable en santé (C2DS), mais aussi à son député… « J’y crois vraiment, je me bagarre pour trouver des financements. Peut-être via un mécénat ? », lance celui qui estime qu’il lui « faudrait peut-être une lampe par service, voire un peu moins en gériatrie et un peu plus en médecine où le turnover est plus important ». Reste que pour aller plus vite qu’une étude dans la vie réelle, il faudrait une norme, selon Olivier Meunier. « Cela simplifierait le travail des hygiénistes », conclut-il.

 

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