Les CHU cherchent comment accélérer l’innovation

À Nantes, lors d’un « connexion day » le 13 décembre, les CHU, qui représentent 80% de la recherche, et des start-ups du secteur de la santé ont mesuré le chemin parcouru les uns vers les autres. Mais aussi celui encore à faire pour développer des projets à la hauteur des ambitions nationales du plan innovation santé 2030.

© Epictura

Ils ont désormais leur rendez-vous. Les CHU et les start-ups du secteur de la santé se sont retrouvés le 13 décembre à Nantes pour un « CHU Healthtech Connexion Day » (jour de la connexion entre les CHU et les start-ups de la santé). Le premier du genre, organisé par France Biotech et la conférence générale des directeurs généraux de CHU. « Nous envoyons trop peu de signaux de reconnaissance envers la recherche », a reconnu en ouverture de l’événement Marie-Noëlle Gerain-Breuzard, directrice du CHU de Tours et présidente de la conférence des directeurs de CHU.

CHU, acteurs 4.0 de l’innovation

Cette fois, le message a été lancé. Les 32 CHU de France à l’écoute de la quarantaine de start-ups les plus avancées dans leurs projets avec eux, sélectionnées par France Biotech. Se positionnant résolument en alliés, en acteurs 4.0 de l’innovation. « Nous représentons 80 % de la recherche, 14 % de la valorisation de la technologie, ont rappelé les directeurs généraux. La santé est un secteur phare de la création de valeur et d’emploi, un véritable levier de croissance pour notre pays. » Référence au plan innovation santé 2030 et ses 7 milliards d’euros.

Gilles Duluc © HH

Les directeurs de la recherche et de l’innovation des CHU, au centre de cette journée, figurent forcément aux avant-postes. « Ici, nous sommes dans l’opérationnel, explique résume Gilles Duluc, à ce poste au CHU de Bordeaux. Nous discutons avec des entreprises expérimentées sur la base de projets de recherche, de partenariats, d’accompagnement vers la mise en marché, d’achats de produits ou de services. »

Trouver les bonnes solutions médico-économiques

Romain Marlange © HH

« Nous, CHU, sommes des intégrateurs de besoins de progrès qui émanent de nos médecins, de nos soignants, de tout un territoire. Nous nous y répondons avec la force de frappe que représente l’accès à nos patients. Toute la question est de trouver les bonnes solutions médico-économiques », poursuit-il. Directeur innovation et recherche du CHU de Nantes, Romain Marlange insiste sur le sentiment d’urgence : « Nous devons apporter les meilleures réponses aux entrepreneurs le plus tôt possible dans cette démarche de co-conception ».

Jusque-là concentrés sur les essais cliniques, ces responsables d’innovation doivent professionnaliser aussi leurs équipes pour l’amont comme l’aval. Faire émerger les projets, les élaborer avec leurs promoteurs, les tester en les projetant dans l’écosystème français de la santé, depuis le recueil, la gestion et le partage de données de santé, jusqu’à la mise sur le marché ou au remboursement par la sécurité sociale. Un nouveau métier au cœur de la journée nantaise.

L’achat innovant sous-utilisé

Stéphanie Dioszeghy © HH

« J’anime le point de rencontre entre entrepreneurs et soignants que nous avons créé il y a un an. Pour mieux porter leurs projets, j’ai participé à l’atelier achats avec une priorité : en apprendre un peu plus sur l’innovation qui cadre avec le décret marché innovant dont nos start-ups auraient besoin pour aller plus vite, sans mise en concurrence en deçà de 100 000 € HT », raconte Stéphanie Dioszeghy, directrice innovation et recherche au CHRU de Brest. À Bordeaux, Gilles Duluc, comme elle, constate que cet outil est encore sous-utilisé.

Pour Romain Marlange, dans les mêmes fonctions à Nantes, il s’agissait, ce jeudi 13, de connaître encore mieux les start-ups présentes. Et de leur expliquer, entre autres, les potentialités du futur IHU (Institut hospitalo-universitaire) qui va voir le jour à Nantes autour des pathologies cardiovasculaires, pulmonaires et du métabolisme. Brigitte Courtois, de Lille, a profité de la journée pour creuser « hors du cadre habituel » les sujets qui bloquent encore avec les start-ups qu’elle connaissait déjà pour certaines.

Brigitte Courtois © HH

Elle entendait leur donner « encore plus confiance » en de possibles collaborations. « Même si nous sommes des paquebots et elles des bateaux de course ». Mais la direction de la recherche et de l’innovation d’un CHU est devenue, selon elle, une experte de tous les acteurs de l’innovation sur son territoire, en commençant, à Lille, par la SATT (société d’accélération du transfert de technologie) et Eurasanté, notamment pour trouver des investisseurs.

Les premiers pas de la nouvelle agence de l’innovation en santé

Elle cherche plus généralement des martingales pour « leurs » start-ups auprès de l’administration. Surtout que la France se dote à la vitesse grand V de nouveaux circuits en leur faveur. L’atelier consacré aux « accès dérogatoires » l’a montré. Cette solution pour compenser par l’accélération sur l’évaluation des projets par les hôpitaux, la lenteur légendaire de la France en matière d’innovation. Accès compassionnel, accès précoce, « article 51 », des outils sont mis en place. Avec, pour chacun, leurs spécificités.

Mais il reste des « trous dans la raquette » en comparaison d’autres pays européens. C’est ce qu’a fait reconnaître David Caumartin à l’origine du projet Théraclion de remplacement d’actes de chirurgie par des ultrasons de haute intensité, à Lise Alter, la directrice de la toute nouvelle Agence de l’innovation en santé (AIS) : « Il n’existe rien pour l’innovation sur des changements d’actes médicaux. » Le genre d’information, avec, entre autres, les façons dont la nouvelle agence va démarrer que les directions en recherche et en innovation ont à connaître et connaissent après cette première journée.

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