Le CHU d’Amiens repense sa logistique d’étage

Pour améliorer le processus de commande et la gestion des stocks et soulager les équipes soignantes, le CHU d’Amiens a expérimenté un nouveau système en confiant à la logistique la supervision des réserves d’étage. Testée à la fin de l’année dernière avec succès pour le plateau cardiologie, puis étendue au plateau pédiatrie depuis avril, la formule sera déployée progressivement tout au long de l’année 2021.

© CHU Amiens

Une gestion globale par l’équipe logistique de tout le processus d’approvisionnement de la plateforme centrale jusqu’aux réserves des unités de soin. C’est désormais le cap pris par le CHU d’Amiens, avec un premier test réalisé avec le plateau cardiologie regroupant quatre services (118 lits au total) à la fin de l’année 2020.

Jusqu’ici, la répartition des rôles était assez classique. L’acheminement des produits demandés ainsi que l’évacuation des rolls, du linge sale et des déchets dépendaient des logisticiens. Et la gestion des commandes, le rangement des stocks dans la réserve d’étage d’agents relevant des cadres de soins.

La crise sanitaire accélérateur de la refonte du circuit

« Nous n’entrions pas dans les services », explique Imad Fakhri, ingénieur en charge de la logistique, à la direction de l’approvisionnement et des services logistiques, arrivé au CHU picard en décembre 2019, trois mois avant le début de la crise sanitaire.

La pandémie a d’ailleurs été le catalyseur de ce projet de réorganisation destiné à optimiser le processus, en confiant aux logisticiens l’intégralité du circuit du magasin central jusqu’aux deux réserves : celle des produits d’entretien et celle des produits d’hygiène. Une voie déjà explorée par d’autres hôpitaux comme Dijon ou Poitiers. Selon l’ingénieur, cette gestion directe des stocks déportés, actuellement très tendance, deviendra un standard à l’avenir.

Libérer du temps pour les soignants

Ce mode de fonctionnement a plusieurs avantages. Il libère du temps et permet aux équipes soignantes de se consacrer à leur cœur de métier. « Désormais, elles ont juste à entrer dans la réserve et à se servir », résume Imad Fakhri.

L’équipe logistique impliquée dans l’expérimentation : Virginie Debeauvais, Aurore Picard, Frédéric Fourmi, Corinne Verdu, Michel Labesse © CHU Amiens

La démarche a non seulement ouvert les portes des réserves aux logisticiens mais aussi créé du lien avec leurs collègues. « Lorsque la logistique a débarqué, les agents hôteliers étaient plutôt inquiets », admet Imad Fakhri, « après la mise en place, ils ont compris que la nouvelle organisation leur dégagerait du temps pour des tâches à valeur ajoutée auprès des patients ».

Un système de livraison juste à temps lié à la consommation réelle

Le dispositif a également des vertus économiques. Sur une même période (septembre-décembre) à une année d’intervalle (2019-2020), le CHU a enregistré une baisse de 40 % de la valeur des stocks et de 11 % de la consommation au niveau des réserves déportées. « Les équipes soignantes ne sont pas des spécialistes de la logistique. Nous avons recalibré les dotations, après avoir calculé la consommation sur un an, ramenée au jour et à la semaine, en y ajoutant une marge d’erreur », explique l’ingénieur.

Imad Fakhri

La méthode offre aussi à la logistique une vision plus globale des besoins et des stocks, et la faculté d’être plus réactive. « Cela nous donne encore des perspectives pour aller encore plus loin », confirme Imad Fakhri. Le tout sans renforts, grâce à une optimisation des ressources.

Extension du système à l’ensemble du nouveau CHU

« Soutenue par la direction des soins et tous les parties prenantes, le projet a réussi grâce au consensus, à l’adhésion et à la solidarité entre tous les acteurs », insiste Imad Fakhri qui ajoute que la réorganisation a obtenu l’avis favorable à l’unanimité des instances du CHU.

L’hôpital amiénois ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. La formule a été élargie en avril au plateau pédiatrie. Un autre en bénéficiera avant l’été. « L’objectif est d’étendre le système à un nouveau plateau tous les trois mois pour que l’ensemble du nouveau CHU soit couvert d’ici à la fin 2021 », conclut l’ingénieur logisticien.

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