Le CH d’Epinal apprend à respecter le tempo de ses « tortues »

Au nouvel hôpital d’Epinal, la distribution des armoires étant assurée par un nouveau système d’AGV (véhicules guidés automatiquement), la logistique peut aller jusqu’à gérer les réserves des services de soins. Les six « tortues » mises en service ont impliqué un changement des habitudes et nécessité un important travail de communication avec les services.

Une partie de l’équipe logistique © CH Emile Durkheim

Les « tortues » du nouvel hôpital d’Epinal ont été moins remarquées en mars dernier, lors de son ouverture, que la clarté des lieux, le confort et le niveau des équipements. Pourtant les six « belles italiennes » (cinq actives, une en réserve) qui conduisent à présent le ballet des armoires de plateaux-repas, de médicaments, de linge, de déchets, de fournitures dans les étages de l’hôpital sont à l’origine d’une petite révolution.

Bérénice Olivier

« C’est bien sûr un très gros changement pour l’équipe logistique, une nouvelle technologie, avec des dimensions techniques et informatiques qui n’existaient pas. Mais les AGV créent une nouvelle dynamique, imposent à tout le monde une discipline. Plus question de petits arrangements avec nos agents sur le mode : « Nous ne sommes pas prêts ! Repassez plus tard ». Par ailleurs, le temps économisé à ne plus pousser les chariots dans les couloirs, nous le consacrons à de nouvelles missions de rangement dans les services », résume Bérénice Olivier, directrice adjointe du GHT des Vosges, en charge des achats et de la logistique.

160 armoires à 4 km/h

Les « tortues » sont apparues, quelques semaines avant l’ouverture de l’hôpital sous la forme de robots à plat. 1,5 m de long chacun, 60 cm de large, une trentaine de cm de haut, ce qui leur permet de se glisser sous les armoires à roulettes, de les soulever et de les emporter.

Elles en convoient 160 tout au long de la semaine, les nouvelles et les anciennes datant de l’ancien hôpital. La vitesse, 4 km/h, est celle d’un homme qui marche. Ce ne sont apparemment pas des bolides mais avec leurs belles lignes et leurs clignotants, on pourrait se l’imaginer d’autant qu’elles sont milanaises.

Gares d’étages repérées grâce à des capteurs

Le dispositif des gares d’étage, repéré par les capteurs des « tortues » © CH Emile Durkheim

« Attention, s’il vous plaît, transport automatique ! », annoncent-elles dans les couloirs. Elles prennent les ascenseurs et en partant de la galerie logistique du rez-de-chaussée, celle qui accueille sur ses quais les camions apportant les repas et la blanchisserie, desservent quatre des six étages de l’hôpital. Destination, leurs gares d’étages marquées au sol qu’elles repèrent grâce à leurs capteurs.

De là, des agents reprennent les choses en main poussent les portes des services pour y faire entrer les armoires vont les vider, les remplir. Pour les repas au moins, les architectes du nouvel hôpital ont bien fait les choses. Les offices d’alimentation ont été placés à proximité des gares d’étages.

Changement d’habitudes pour tout le monde

Mais les agents d’étages gèrent aussi désormais, en système plein/vide, les réserves des services de soins en produits issus du magasin, notamment les produits d’entretien. « Le gros challenge réside dans ces changements d’habitudes à prendre par tout le monde. Cela exige un gros travail de communication de la part de la référente en logistique à la direction des soins avec les cadres de santé », relève Bérénice Olivier.

Pour le reste, le premier bénéfice des AGV reste d’éviter aux 12 personnes de l’équipe logistique les kilomètres de trajets dans les couloirs. D’autant que le nouvel hôpital est moins compact que l’ancien. Avec ses 250 m de long, il a augmenté les distances à parcourir.

« L’équipe logistique surestimait peut-être l’apport des AGV. En dépit des « tortues », leur métier n’est toujours pas une sinécure. Il reste des sacs de linge à soulever. Mais, ne l’oublions pas, les AGV permettent de conserver le rythme, de livrer aussi vite qu’avant, même si l’hôpital est plus grand. Aucun délai de plus ! », fait remarquer Bérénice Olivier.

Système d’alerte sur le téléphone des agents

Autre grande vérité, les AGV sont des robots. Même programme, même parcours, semaine après semaine en naviguant entre les 420 bornes wifi à l’intérieur de l’hôpital. Ils s’arrêtent si on leur barre la route mais s’accommodent des passants dans les couloirs. C’est à peine s’ils sont dérangés par un roll ou un sac mordant sur leur gare d’étage…ce qui nécessite alors, une intervention humaine.

Capture d’écran du suivi des « tortues » sur écran © CH Emile Durkheim

« Le logiciel de suivi est intuitif, facile à utiliser. C’est la principale raison pour laquelle nous avons choisi ce fournisseur. D’ailleurs nos interventions diminuent à mesure que les bonnes habitudes collectives s’installent. Nous sommes encore accompagnés par un représentant du fournisseur pendant quelques mois mais cela ne durera pas. Bientôt, nous aurons installé un système d’alerte pour avertir les agents sur leur téléphone, ce qui va encore alléger la surveillance », indique Bérénice Olivier.

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