Le CH d’Argenteuil inaugure un robot chirurgical 2.0

Plus mobile, plus ergonomique, mieux adapté aux techniques de la chirurgie mini-invasive, et plus abordable financièrement, le robot Versius a conquis l’hôpital d’Argenteuil, premier établissement public équipé, où une douzaine de patients ont déjà été opérés avec son aide. D’abord utilisé en urologie et en gynécologie, le système sera ouvert progressivement aux autres spécialités à partir du mois de novembre.

« Un outil bien pensé », adapté aux techniques habituelles de coelioscopie, qui permet de « sublimer » le geste du chirurgien et « d’améliorer encore notre niveau de qualité ». Chef du service urologie de l’hôpital d’Argenteuil, le docteur Hubert Oro a été élogieux, lors de la présentation le 13 octobre, du système de chirurgie robotique Versius (fabriqué par l’entreprise CMR installée à Cambridge) livré en juillet dernier à l’établissement valdoisien. Ce dispositif, qui permet de contrôler avec une très grande précision l’usage des instruments chirurgicaux laparoscopiques et de sécuriser le geste opératoire, dispose en effet de plusieurs atouts.

Des unités autonomes et mobiles

D’abord sa composition modulaire (une caméra 3D et jusqu’à trois bras mobiles indépendants chargés de manipuler les instruments chirurgicaux), adaptable à tous les blocs opératoires, sans nécessité d’une salle dédiée, avec des unités autonomes, légères (80 kg), peu encombrantes et transportables d’une salle à une autre.

Ensuite son ergonomie. L’extrémité du bras du robot reproduit la gestuelle humaine. Et Versius a calqué ses usages sur les techniques classiques de coelioscopie. Ses bras indépendants permettent de positionner les trocarts (tiges cylindriques creuses qui permettent de faire passer les caméras et les instruments) de la même façon que pour une chirurgie manuelle. Ce qui offre l’alternative, en cas de besoin, de revenir à une intervention traditionnelle, sans assistance robotisée.

Une console de contrôle ouverte pour rester en contact avec l’équipe du bloc

La console « ouverte » de contrôle offre un confort inédit puisqu’il dispose d’un siège, de quoi soulager les praticiens obligés de rester debout parfois jusqu’à six heures pendant une intervention et d’éviter les troubles musculosquelettiques. « Cela permet de se relaxer et de se concentrer au maximum sur nos gestes », a résumé le docteur Hubert Oro. Autre avantage, le chirurgien, lorsqu’il se trouve devant la console, n’est pas isolé du reste de l’équipe et garde un contact visuel.

Dernier atout et non des moindres, le robot nouvelle génération est plus abordable financièrement. Jusqu’ici, le marché était pratiquement chasse gardée d’un fabricant, avec un ticket d’entrée inaccessible aux établissements de taille moyenne. Aujourd’hui, seulement 157 robots chirurgicaux ont été installés, pour l’essentiel dans des CHU et des cliniques privées. La France ne se classe d’ailleurs qu’au 8e rang de l’offre robotique par nombre d’habitants, très loin derrière les Etats-Unis ou la Suisse, mais aussi de pays comme la Belgique ou le Danemark.

En cassant le monopole, l’arrivée du nouvel appareil devrait démocratiser l’accès à la technique. « Notre hôpital veut être capable d’offrir cette assistance robotisée à tous ses patients », a argumenté son directeur général Bertrand Martin. Acheté via la centrale du Resah qui l’a référencé, Versius sera payé à l’acte par l’établissement valdoisien : plus il sera utilisé et plus son coût unitaire baissera. L’objectif d’Argenteuil est d’utiliser le robot pour 300 interventions par an.

Un matériel capable d’attirer de jeunes talents

Une douzaine de patients ont déjà bénéficié de Versius depuis le 15 septembre. Le CH d’Argenteuil, où la culture de la coelioscopie est bien ancrée, veut « aller plus loin dans l’excellence », a déclaré Bertrand Martin, bien décidé à diffuser le plus largement possible ce matériel favorisant la chirurgie mini-invasive. Après l’urologie et la gynécologie, la chirurgie digestive devrait bénéficier de Versius à partir de novembre prochain.

Autre aspect à ne pas négliger : l’attractivité générée par cet équipement innovant. Disposer d’un matériel au top ne garantit pas seulement une prise en charge optimale des patients : il permet aussi de fidéliser les professionnels des blocs opératoires et d’attirer les jeunes talents de la chirurgie, a rappelé Bertrand Martin.

 

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