La réalité virtuelle pour apprendre les gestes anti-Covid

À Limoges, c’est grâce à une étroite collaboration avec l’université et le CHU que l’Ehpad des Cinq Sens bénéficie d’un équipement inédit qui va permettre aux infirmiers, aux aides-soignants et aux auxiliaires de vie d’acquérir la maîtrise de certains gestes incontournables en période de pandémie. En phase de test depuis la mi-décembre, cette formation innovante basée sur la réalité virtuelle va permettre de limiter sérieusement les risques de contamination.

« Dix modules de formation permettent au personnel d’adopter les gestes aujourd’hui indispensables, grâce aux casques de réalité virtuelle mis à notre disposition par l’Université de Limoges, explique Fadoua Otmani, la directrice de l’Ehpad des Cinq Sens, infirmiers, aides-soignants et auxiliaires de vie sont ainsi initiés aux gestes à adopter face à un patient Covid dans la gestion des déchets, du linge, des repas, de l’oxygène, du matériel de soins, de la désinfection et de la gestion mortuaire ».

Appel à projet de la région Nouvelle-Aquitaine

Autant de tâches qui relevaient auparavant de la logistique. « À côté de ces modules, nous disposons de “chambres tests” avec différentes erreurs à éviter ou à corriger ». Son Ehpad participe à ce test à l’issue d’un appel à projet porté par l’Université de Limoges. C’est là qu’exerce Anaïck Perrochon, maître de conférences, responsable du Centre de simulation virtuelle en santé (CSVS).

« Nous avons été retenus dans le cadre de l’appel à projet lancé par la région Nouvelle-Aquitaine, explique Anaïck Perrochon, ce qui nous a permis de disposer des crédits nécessaires à l’acquisition de quinze casques de réalité virtuelle, de financer le salaire d’un ingénieur à temps plein durant un an et de disposer de fonds pour développer une application encore plus complète ».

Dépasser les craintes initiales

À l’Ehpad des Cinq Sens, Fadoua Otmani n’a pas souhaité imposer cette formation high tech à ses agents. Elle préfère laisser en accès libre le casque dont elle dispose : « Nous avons bien sûr deux référents, explique-t-elle, un aide-soignant et un auxiliaire de vie, mais la mise à disposition en accès libre permet également au personnel de nuit d’y avoir accès ».

Chacun des modules de cette formation virtuelle dure de deux à sept minutes : « Le logiciel nous permet de savoir qui s’est connecté afin de profiter des retours d’expérience, ajoute Fadoua Otmani, bien sûr, au début, il y avait des craintes de la part du personnel, mais de plus en plus nombreux sont ceux qui se prêtent au jeu, le bouche à oreille a joué son rôle et ce type de formation les aide beaucoup ».

Fadoua Otmani

Avant que les casques de réalité virtuelle ne fassent leur apparition, les formations étaient dispensées avec la projection de vidéos. « Les agents veulent aujourd’hui de la pratique et grâce aux casques ils sont d’une certaine manière confrontés à la réalité, de l’habillage à l’entrée des chambres à la sortie, pouvant choisir leur parcours grâce à une télécommande ». Dans les “chambres d’erreurs”, le casque est là pour corriger les fautes éventuelles. « Le contact avec les hygiénistes du CHU et l’Université sont réguliers, tient-elle à souligner, une connexion wifi leur permet de récupérer des données comme le temps de connexion ou les erreurs relevées ».

Des agents plus à l’aise

En acceptant que son Ehpad soit un établissement test, Fadoua Otmani veut mettre toutes les chances de son côté alors que se profile une troisième vague : « Nous avons bien vu la différence entre la première vague et la seconde, les agents qui avaient suivi la formation avec les casques de réalité virtuelle étaient bien plus à l’aise lorsque nous avons dû affronter la deuxième vague, que ce soit tout simplement pour s’habiller à l’entrée des chambres ou pour les gestes mortuaires indispensables ».

Et depuis, d’ailleurs, l’auto-évaluation est en nette progression. À l’Université de Limoges, Anaïck Perrochon est lui aussi convaincu que ce type de formation a de beaux jours devant lui : « Pour l’élaborer, nous avons réussi à réunir autour de la même table des cliniciens, des ingénieurs pédagogiques et des ingénieurs en réalité virtuelle. En outre, le contenu des modules de formation a été validé par le CHU ».

Une technique en devenir

Anaick Perrochon

L’expérience conduite à Limoges va lui permettre de valider ses options : « Grâce à l’initiative conduite à l’Ehpad des Cinq Sens, poursuit Anaïck Perrochon, nous allons vite savoir comment les utilisateurs s’approprient le système, d’autant que s’ils sont simples spectateurs lorsqu’ils utilisent les modules de formation, ils deviennent acteurs dans les “chambres d’erreur” lorsque le système leur offre la possibilité de rectifier leurs gestes et leur explique verbalement comment faire ».

Les premiers retours lui semblent positifs : « Au-delà de la thématique de la Covid, les retours d’expérience dont nous disposons tendent à démontrer que ces nouvelles technologies autoriseront une auto-formation et une auto-évaluation dans de nombreux autres domaines ».

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