La numérisation des ESMS mahorais en bonne voie

Grâce aux 630 millions débloqués par le Ségur de la santé, la numérisation des ESMS mahorais va se généraliser. Un appel à projet vient d’être lancé par l’ARS afin que la mise en œuvre commencée l’an dernier soit terminée en 2025. L’objectif est d’acquérir une solution de Dossier Usager Informatisé interopérable et communiquant avec les référentiels et services socles, et prenant en compte les spécificités territoriales de Mayotte.

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Sur les vingt-et-un établissements sociaux et médico-sociaux que compte l’archipel mahorais, cinq seulement sont informatisés. À peine un quart. Un programme de généralisation du numérique à l’ensemble des ESMS a donc été lancé par l’ARS Mayotte. Avec le Groupement régional d’appui au développement de la e-santé (GRADeS), deux équivalents temps plein sont affectés au suivi et la mise en œuvre du dossier qui concerne de 900 à 1 000 lits et places en ESMS, sachant que, sur l’année, plusieurs usagers peuvent “tourner” sur les mêmes lits ou places. Donc bien plus d’un millier de dossiers patients.

Si l’on y ajoute une trentaine de médecins libéraux et plus d’une centaine d’infirmiers libéraux, le chantier n’est pas neutre. Au sein de la direction de l’offre de soins et de l’autonomie de l’ARS Mayotte, Éric Sanzalone et ses équipes développent le programme de généralisation de l’utilisation du numérique dans les établissements sociaux et médico-sociaux piloté par l’agence. Un appel à projet a été lancé le 15 mars.

Éric Sanzalone

Ce programme repose principalement sur le déploiement d’un dossier usager informatisé (DUI) pour chaque personne accompagnée. Chef de projet numérique en santé et investissements hospitaliers de l’Agence régionale de santé mahoraise, diplômé de l’école de Rennes, Éric Sanzalone a notamment dirigé les centres hospitaliers d’Épinal et Remiremont, dans les Vosges, ainsi que celui de Saint-Pierre et Miquelon. Selon lui, les spécificités mahoraises rendent la généralisation du numérique aux ESMS particulièrement intéressante à mettre en œuvre.

De la culture orale au numérique

Le point de départ se construit autour des “émetteurs”, c’est-à-dire les professionnels de santé en capacité de renseigner les éléments dont ils disposent. Même si 630 millions d’euros ont été mobilisés sur la période 2021-2025 grâce aux crédits du Ségur de la santé au plan national, on peut d’autant moins bénéficier d’un premier retour sur expérience que les établissements sont toujours en cours d’achat avant déploiement.

Force est de constater que pour ceux qui étaient déjà informatisés, la phase de numérisation a été vécue comme une contrainte tant elle changeait les habitudes. Pour ses différents acteurs, le déploiement du numérique devra effectivement composer avec la tradition orale ancrée à Mayotte, comme le souligne Éric Sanzalone : « Le passage de la tradition orale au numérique n’est pas simple, ce qui est particulièrement motivant, mais la dynamique est enclenchée ».

Quand les requins sectionnent les câbles sous-marins

Si à Mayotte on n’a pas encore connu les péripéties malgaches où l’on a relevé à plusieurs reprises le sectionnement par des requins de la boucle sous-marine qui entoure l’île, la mésaventure pourrait tout à fait se reproduire à Mayotte. En fait, c’est plus l’acheminement des données que la numérisation des ESMS qui pose problème : « Le transfert des données d’imagerie demande une bonne bande passante, explique le chef de projet e-santé de l’ARS, et ce n’est pas le cas ». Faut-il alors utiliser les liaisons satellitaires ? « C’est très coûteux, et il faut faire avec les tempêtes solaires ! ».

Là encore, il n’est pas certain que ces particularités techniques aient été abordées au “Ségur”, Mayotte, c’est loin… Mais il en faudrait plus pour décourager l’ARS : « C’est le plan numérique national qui s’intègre dans celui plus vaste de la numérisation de la société et des échanges de données de santé, conclut Éric Sanzalone, ce plan suit donc le développement du dossier médical partagé (DMP) et des usages de la télémédecine ». Le plan sera donc appliqué, même s’il faut pour cela faire avec les particularités du cent-unième département.

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