La Mayenne généralise la télémédecine en EHPAD

La télémédecine est installée dans les EHPAD en Mayenne. L’Agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire bat à présent le rappel des professionnels de santé pour qu’ils s’y impliquent. La plateforme de mise en relation n’attend plus qu’eux. Le même dispositif visera bientôt les établissements pour personnes handicapées.

© DR

« Réponse moderne, souple, la télémédecine fait partie des nouveaux modes de présence de la santé dans les territoires pour assurer l’accès aux soins ». Le 20 septembre, à l’hôpital de proximité d’Evron, dans l’Est de la Mayenne, Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’ARS des Pays de la Loire est venu, en personne, faire la promotion du dispositif. Autour de lui, une spécialiste en gériatrie, une représentante de l’assurance maladie. Un cardiologue en vidéo depuis l’hôpital de Laval. Le nouveau service public de télémédecine dans les EHPAD est à l’honneur.

360 000 € en trois ans

C’est que la préparation de cette petite révolution s’achève. Elle a pris trois ans. Un chef de projet et deux accompagnateurs des établissements ont été missionnés par l’ARS. Ils ont doté les 60 EHPAD d’un ordinateur, d’une webcam et d’un bon système audio, formé leur personnel de sorte que le service s’y pérennise. En parallèle les établissements sont progressivement connectés à internet par fibre optique. Le département en a été chargé.

Jean-François Sallard

A la mi-juin, 50 établissements étaient reliés. Ils devraient tous l’être à la fin de l’année. « La fibre n’est pas indispensable, explique Jean-François Sallard, médecin précurseur en télémédecine en Mayenne et conseiller départemental. Mais elle apporte du confort au médecin. Pour, par exemple, établir une ordonnance pendant la consultation, ce qui nécessite d’utiliser son propre logiciel d’aide à la prescription en lien avec la base de données de l’Assurance maladie puis le dossier médical du patient. »

360 000 € ont été dépensés par l’ARS, la région et le département motivés par la situation critique de la Mayenne (307 000 habitants en 2019). Elle est identifiée comme un désert médical. Moins de 2,5 consultations par an et par habitant disponibles chez un généraliste ou un spécialiste : ce chiffre en fait une zone « en tension d’accès aux soins ».

Développer un réflexe chez le médecin traitant

© DR

L’enjeu est donc que les personnes âgées en EHPAD en pâtissent le moins possible. Après le boom de la crise sanitaire, la télémédecine retombe à des niveaux plus modestes aujourd’hui. Mais elle s’est fait une place tant pour éviter aux personnels de santé et aux personnes les plus fragiles de se déplacer qu’en complément d’activité des cabinets de médecins. La loi interdit  aux praticiens libéraux de dépasser la proportion de 20 % de leur activité en télémédecine. « Au premier trimestre 2022, il y a eu 12 500 téléconsultations dans le département, autant que de visites à domiciles d’infirmiers libéraux », explique Caroline Bonnet, directrice de la CPAM de la Mayenne.

En EHPAD, le mouvement est simplement esquissé. Ils sont à l’origine de 147 téléconsultations pendant la première moitié de 2022, contre 100 dans toute l’année 2021. Mais, de fait, sur le terrain, ça marche. « La téléconsultation évite à la personne âgée le grand stress du déplacement vers l’hôpital ou le cabinet d’un spécialiste. Surtout si elle a des troubles cognitifs. C’est un réflexe que peut développer le médecin traitant pour son patient », estime Tahar Lazizi, cardiologue à l’hôpital de Laval qui a installé la téléconsultation dans son service.

« Nous sommes souvent consultés pour des troubles du comportement, raconte Nadine Collet, chef du pôle gériatrie à l’hôpital de Château-Gontier, dans le sud de la Mayenne. Nous prenons la précaution de ne pas accepter les personnes qui voient mal ou entendent mal. Nous répondons en binôme, un médecin et une infirmière et on est souvent scotché par tout ce que les personnes n’hésitent pas à nous dire à l’écran. Ce n’est pas du tout un frein. » Toutefois, l’EHPAD doit prévoir un accompagnateur, ne serait-ce qu’à cause de la technique qui a souvent ses caprices. »

Plages de disponibilité sur la plateforme dédiée

Cinq types de consultations sont proposées : en cardiologie, gériatrie, dermatologie, psychiatrie, dermatologie et le suivi des plaies. Elles passent par une plateforme de mise en relation avec des spécialistes comme il en existe beaucoup depuis la Covid. Cette plateforme a été créée spécifiquement par l’ARS. Elle est gratuite. 650 médecins y sont déjà inscrits.

« Il ne leur reste plus qu’à y ouvrir des plages de disponibilité, explique Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’ARS. Activité supplémentaire pour une clinique, un hôpital, pour des infirmiers, des pharmaciens, un nouveau spectre de soins s’ouvre. D’ailleurs, l’Assurance maladie planche sur une nouvelle rémunération de ces temps de soignants paramédicaux consacrés à l’accompagnement des téléconsultations ». L’an prochain la priorité de l’ARS, en Mayenne sera le handicap. Quatre maisons d’accueil spécialisées et foyers d’accueil médicalisés sont déjà opérationnels, neuf sont en cours d’équipement.

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *