GHT Lorraine Nord : des téléservices grâce à une PAN

Pourquoi préférer la procédure avec négociation (PAN) au dialogue compétitif ? À Metz, le troisième hôpital de plus touché en France lors de la première vague, c’est cette option qui a été retenue par la direction du système d’information pour lancer son programme Sillons, le système d’information et de liaison Lorraine Nord Santé, un portail inédit de téléservices ville/hôpital. Directeur adjoint du CHR Metz-Thionville et DSI du GHT Lorraine Nord, Michaël De Block n’y voit que des avantages.

« Au plus fort de la première vague, nous enregistrions 3 000 téléconsultations par semaine, constate Michaël De Block, sans le numérique, cela aurait été une catastrophe ! ». Ce n’est certainement pas un directeur du système d’information qui dira le contraire, mais avec son programme Sillons, celui du CHR de Metz-Thionville, établissement support du GHT Lorraine Nord, entend aller bien plus loin qu’un simple portail de télé-services : « La loi nous amène à faire converger les SI hospitaliers. Sur le terrain, médecins et patients souhaitent que le numérique réponde davantage à ses besoins, dit-il, l’hôpital de demain n’existe pas encore, il se construit au fil de l’eau ».

Une procédure agile

Pour lui, les besoins en téléservices vont forcément évoluer et la procédure avec négociation lui offre plus d’agilité. « Une agilité d’autant plus nécessaire que notre GHT est assez atypique : 2 300 lits pour l’établissement support quand l’établissement le plus petit ne dispose que de 200 lits ». Mais Michaël De Block a su tirer parti d’une autre caractéristique du GHT qui est en effet le seul de France à disposer de frontières communes avec trois pays européens, l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg. Comment alors ne pas se tourner vers l’Europe pour obtenir des financements ?

L’apport du FEDER

« Nous avons obtenu un financement européen par l’intermédiaire du Fonds européen de développement régional (Feder) dans le cadre du programme de coopération interrégionale Interreg, explique Michaël De Block, la contribution de l’Europe intervient à concurrence de 73 % des 3,2 M€ que coûtera au total le programme Sillons, 2,8 M€ correspondants à la procédure avec négociation et 400 000 € de RH sur trois ans pour le chef de projet et son assistante ».

Excédentaire, le CHR de Metz-Thionville met quant à lui 17 % au pot alors que Metz Métropole assure le financement des 10 % restants. « Pour nous, la procédure avec négociation était la meilleure des solutions, c’est en effet un format hyper évolutif considère Michaël De Block, nous allons mettre trois ans pour le développer, mais à prix fixe ».

Un moyen d’arriver à des solutions aussi innovantes et sur mesure

Le directeur du système d’information a conscience de ses propres limites et c’est bien pour cela que le CHR s’est orienté vers la procédure avec négociation : « Avec le corps médical du GHT nous avons nous aussi le nez dans le guidon, et si nous avions défini une grande partie de nos besoins, nous pouvions les affiner à chaque round lors de nos échanges avec les consortium retenus ». De quatorze au départ, cinq ont été retenus en short list : « Notre groupe projet s’est enrichi énormément au fil des négociations et nous avons revu notre cahier des charges au moins dix fois. À la fin, nous n’avions plus que des cases à cocher ».

Aller plus loin que les téléservices traditionnels

Pour le DSI, la procédure avec négociation est la solution la plus transparente : « Les règles du jeu sont claires, à chaque round de négociation nous affinons nos besoins en fonction des différentes réponses. C’est une procédure qui n’est pas coutumière dans le milieu hospitalier, mais elle permet notamment aux consortiums candidats d’intégrer des petites start-up locales. D’où notre satisfaction d’avoir vu un consortium français décrocher ce marché ».

Un savoir-faire hexagonal qu’il va pouvoir désormais utiliser, car, construit à l’issue d’un dialogue avec les médecins, le programme Sillons va proposer bien autre chose que les solutions traditionnelles comme la prise de rendez-vous, les préadmissions ou les paiements en ligne. Aller plus loin que les téléservices traditionnels, c’était l’ambition du CHR de Metz-Thionville, une ambition qu’il entend mutualiser au sein du GHT Lorraine Nord dans le cadre d’un projet médical partagé.

Intelligence artificielle et chimiothérapie

Un projet pensé par des médecins et traduit par des informaticiens, comme par exemple l’application de chimiothérapie ambulatoire, l’un des 14 télé-services médicaux qui seront proposés par Sillons : « À domicile, un patient peut mal réagir à un traitement, sans que nous n’en ayons connaissance, or nos professionnels de santé ne peuvent pas appeler les patients tous les jours. Avec Sillons, sur les conseils de leur oncologue, il leur suffira de télécharger l’application et répondre à des questions toutes simples pour que l’intelligence artificielle détermine l’un des cinq stades d’évolution, du simple réajustement du traitement à l’appel automatique du Samu, en passant par la prise de rendez-vous automatique avec un oncologue en moins de 24 heures ».

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