Foch addict à e-prevent

L’hôpital Foch de Suresnes et Pulsio Santé ont travaillé main dans la main pendant près de deux ans pour perfectionner une solution digitale de prise en charge et de suivi des patients souffrant de troubles addictifs. Cette plateforme de télémédecine, développée dans le cadre du programme européen InDemand, permet de consulter en ligne et offre aux professionnels de la santé la possibilité de mieux se coordonner.

Plusieurs millions de Français seraient incapables de se passer de leur dose quotidienne d’alcool, de nicotine ou de psychotropes. Selon les données de l’Office français des dépendances et toxicomanies (OFDT), un quart de la population adulte souffrirait d’une addiction au tabac, 8 % à l’alcool. 7 % des adolescents de 17 ans et 3 % des 18-64 ans seraient dépendants au cannabis. La gestion de ces addictions se heurtent à plusieurs problèmes.

Faciliter le suivi permanent des patients

D’abord une prise en charge tardive des personnes concernées, le plus souvent envoyées aux urgences. Ensuite une détection insuffisante avec un décalage entre le nombre de personnes soignées et celui des personnes à risque. Mais aussi le nécessité d’une surveillance régulière et permanente, indispensable pour éviter de rechuter, avec le partage d’informations entre de nombreux intervenants, médecins de ville, médecins du travail, psychiatres, praticiens hospitaliers, associations… « Le numérique peut apporter une réponse à ces difficultés », assure Etienne Dormeuil, dirigeant de Pulsio Santé, qui a perfectionné, avec l’hôpital Foch de Suresnes, e-prevent, plateforme de télémédecine spécialisée dans le domaine.

La start-up et l’établissement de santé ont travaillé la main dans la main pendant plus de dix-huit mois à partir de la fin 2018, dans le cadre du dispositif InDemand, financé par l’Union européenne. Soutenu par Medicen, Choose Paris Région et le Resah, ce programme, associant utilisateurs, financeurs, organisations institutionnelles de santé, pôles de compétitivité et entreprises d’une région a été chargé de développer une méthodologie et des outils associés permettant à des professionnels de santé d’être impliqués dans la cocréation de solutions innovantes répondant au plus près de leurs besoins.

Un outil de téléconsultation

Disponible en ligne, e-prevent est utilisable indifféremment sur ordinateurs, tablettes ou téléphone, sans avoir besoin de télécharger une application, avec un accès professionnel et un accès patient. Elle offre plusieurs outils, notamment la téléconsultation, la télé-prescription, ainsi que l’administration de questionnaires d’évaluations. « Ils permettent de repérer très tôt les addictions de plus en plus nombreuses : tabac, alcool, cannabis, opiacées. Mais bien d’autres comportements provoquent une dépendance : le travail, les jeux de hasard… », détaille Etienne Dormeuil.

« E-prevent facilite un repérage précoce, en évaluant les risques, en permettant une intervention rapide, avec une prise de rendez-vous en structure spécialisée ou en téléconsultation. La plateforme fait aussi le relais entre tous les professionnels concernés », poursuit le dirigeant de Pulsion Santé.

De nouvelles fonctionnalités ajoutées

Evaluées dans un premier temps en interne par l’hôpital Foch, les fonctionnalités ont ensuite été testées avec un panel de patients, avant d’être utilisées aujourd’hui au quotidien par l’établissement des Hauts-de-Seine. Les remarques et demandes des utilisateurs ont bonifié la plateforme. « Nous avons créé un parcours pour répondre au besoin de coordination des différentes professions qui accompagnent le patient, toujours dans une optique de prise en charge à distance. Ont été ajoutés par exemple des outils pour mieux gérer, modérer et animer les groupes d’échanges de praticiens en ligne. »

Opérationnel avant le confinement, e-prevent a permis aux médecins de Foch de mieux suivre à distance leurs patients pendant la période Covid. Au sortir du programme InDemand, l’hôpital francilien a décidé de souscrire un abonnement annuel à la plateforme. D’autres établissements de santé de la région parisienne comme le CH de Versailles ou le CH des Quatre Villes sont d’ores et déjà en train de s’exercer à son utilisation. L’objectif est maintenant de diffuser la solution innovante dans les mois à venir le plus largement possible via le Resah.

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