EHPAD : des robots pour garder le contact

En Auvergne Rhône-Alpes, les collectivités multiplient les initiatives afin de briser la solitude dans laquelle risquent de s’enfermer les résidents coupés de leurs familles avec le confinement. Premiers à saisir la balle au bond, Laurent Wauquiez, le président de la région, et Christophe Guilloteau, celui du département du Rhône. Une partie des robots qui étaient déployés dans les lycées de la région le sont maintenant dans les Ehpad. En Isère, le département développe pour sa part un outil de liaison sociale dans ses 105 Ehpad.

Pour le président de la région, il était d’autant plus facile de répondre à la sollicitation du président du conseil départemental du Rhône que la région est dotée depuis 2018 de soixante robots de télé-présence déployés dans les lycées de ses trois académies, Clermont-Ferrand, Grenoble et Lyon. C’est dans cette dernière que les robots ont quitté les lycées pour se retrouver dans les Ehpad.

Destinés aux élèves hospitalisés, ces robots permettaient aux élèves en rupture de scolarité pour raisons médicales de piloter un robot depuis leur lit d’hôpital via un ordinateur portable et de conserver ainsi un lien avec leurs camarades et leurs enseignants. Mais depuis le 16 mars, comme partout ailleurs, les lycées d’Auvergne Rhône-Alpes ont fermé leurs portes, comme les Ehpad ont fermé les leurs avec le confinement, coupant les liens entre les résidents et leurs familles et augmentant ainsi les sollicitations d’un personnel déjà au bord de l’épuisement.

Mobiles, équipés d’un écran, d’un haut-parleur et d’un micro, les cinq premiers robots ont été livrés dès le 19 mars dans les Ehpad de quatre communes du Rhône, et cinq autres fournis dans la foulée aux établissements insuffisamment dotés en équipements de connexion à distance. Le déploiement se poursuit  : une vingtaine a été installée dans le Rhône, la Métropole de Lyon, la Savoie, l’Ain, la Loire, la Drôme et l’Allier.
 

Pouvoir échanger avec les familles

Durant la période de confinement, les soixante robots de télé-présence peuvent potentiellement venir en aide à 4 000 familles : « Des étudiants du secteur médico-social sont mobilisés pour veiller à leur bon fonctionnement auprès des personnes âgées, déclare-t-on à la région, et, au-delà du Rhône, la mise à disposition s’étendra très vite à d’autres départements ».

Ce qui ne sera pas une mince affaire puisque, à lui seul, celui du Rhône compte 82 Ehpad et 17 résidences autonomie. Pas loin de 6 000 résidents en tout… « Dans cette situation inédite de confinement, nous devons veiller à nos concitoyens les plus vulnérables, souligne le président de la région, et notamment à nos aînés parfois privés de lien social ».

Respectivement vice-présidente déléguée aux lycées et conseillère spéciale au handicap, Béatrice Berthoux et Sandrine Chaix avaient porté le déploiement des robots dans les lycées :« Leur expérimentation était à l’époque une première nationale pour une collectivité, indique Béatrice Berthoux, mais c’était également une première européenne puisque nous avions été finalistes du “PPI Award”, prix européen d’achat public Innovant ».

Alors pourquoi ne pas en faire profiter les Ehpad, d’autant que le président du conseil départemental du Rhône était demandeur ? « Il est primordial que les résidents puissent échanger avec leurs familles, relève Christophe Guilloteau, et je me réjouis de ce partenariat avec la région ».

Une visiophonie ultra simplifiée

C’est également afin de permettre aux personnes âgées de ne pas perdre le contact avec leurs familles, mais aussi pour soulager le personnel, que le département de l’Isère a commencé à déployer un nouveau dispositif dans ceux de ses 105 Ehpad qui le souhaitent.

Jean-Pierre Barbier

Face au confinement, la collectivité a profité de son expérience puisqu’elle avait porté il y a deux ans avec le CEA de Grenoble le projet européen Activage : « Notre objectif était de tester des éléments de domotique dont un outil de liaison sociale entre les personnes âgées et leurs familles, explique Jean-Pierre Barbier, le président du conseil départemental, il s’agit d’une visiophonie ultra simplifiée via la télévision ».

Durant les deux années d’expérimentation, cet outil a évolué pour notamment faciliter la qualité de vie des salariés. « Nous proposons aux Ehpad de leur remettre une box de vision et de prévoir son installation à distance. Les personnes hébergées pourront ainsi, à tour de rôle, prendre rendez-vous avec leurs familles.

De leur côté, poursuit-il, celles-ci auront accès à une application qui leur permettra d’appeler en visiophonie, d’envoyer des photos et des messages et de recevoir les informations de la résidence ». Un service “Petit Journal” s’ajoute à cette visiophonie : « Une animatrice pourra imprimer un journal personnalisé pour chaque résident dont le contenu sera généré automatiquement avec les photos et les messages personnels propres aux résidents ».
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