Des dispositifs d’alerte pour la sécurité du personnel

L’augmentation des agressions verbales et physiques a poussé plusieurs établissements de santé à mettre en place des systèmes pour protéger leurs équipes afin de donner l’alerte, notamment aux urgences, en première ligne face aux incivilités et violences.

« Je vais te faire la peau », « Tu ferais mieux d’aller travailler à l’abattoir »… Les agressions verbales et physiques dans les établissements de santé ne sont pas nouvelles. Dès 2000, une circulaire de la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS) était consacrée à la « prévention et l’accompagnement des situations de violence ». En 2019, plus de 23 000 violences ont été déclarées (près de 16 000 en 2015), dont 16 % aux urgences, selon l’Observatoire national des violences en milieu de santé. Dans ce contexte, certains établissements proposent à leur personnel un système permettant d’alerter leurs collègues.

Signal d’alarme et gyrophare

A l’Hôpital Fondation Rothschild à Paris, le dispositif est discret et équipe des endroits stratégiques. « Il s’agit d’un badge sur lequel le personnel peut appuyer s’il se sent en danger afin d’être localisé en 10 secondes », détaille Rodolphe Temple, le responsable de la sécurité, successeur de Fabrice Ferrani qui, il y a deux ans, avait équipé le centre de santé Jaurès, un local situé à 13 minutes à pied du PC de sécurité de l’établissement. « C’était pour donner suite à une grosse inquiétude du personnel soignant et administratif concernant les agressions physiques », se souvient celui qui a quitté l’établissement durant l’automne dernier.

Depuis l’installation de la solution d’alarme, une fois l’alerte donnée, sont déclenchés un signal sonore et un gyrophare, sous lequel est installée une tablette tactile dotée d’un logiciel pour géolocaliser l’appel. Dans l’annexe Jean Jaurès, l’accueil et le bureau du responsable sont dotés de cet équipement. Ainsi averti, le personnel, qui a la consigne d’appeler prioritairement les secours selon un protocole établi, peut alors immédiatement intervenir auprès du collègue en danger.

En liaison avec le PC sécurité

« Les cartes, plates comme une carte bancaire et équipés d’un petit bouton rouge, envoient une information à la borne émettrice et réceptrice au plafond. Dès que quelqu’un appuie, cela déclenche une alerte lumineuse et, sur une tablette, un message et un plan pour voir où se situe le problème », complète Jean-Luc Brame, ingénieur génie biomédical et téléphonie au CH de Boulogne-sur-Mer, qui a doté son service d’urgences de 60 cartes et d’une borne par local (environ 30). Une station, composée d’une tablette, d’un gyrophare et d’un buzzeur, équipe chacun des deux PC infirmiers. « Nous avons aussi mis un répéteur dans notre PC de sécurité’ », précise l’ingénieur biomédical.

On peut toutefois se demander comment réagit le personnel à l’idée d’être géolocalisé. « Il ne s’agit pas de géolocalisation », précise d’emblée Laëtitia Volle, cadre de santé à l’unité cognito comportementale (UCC) du groupement hospitalier Portes de Provence (à Montélimar), qui s’apprêtait, à la mi-février, à équiper son service, dans le sillage de celui des urgences de l’établissement. « Ce sont les gens qui appellent quand ils ont un souci », explique-t-elle pour préciser qu’il s’agit d’un acte volontaire. Rien à voir donc avec le matériel agrémenté d’un tag ou les patients suivis grâce un bracelet connecté (lire notre article du 4 mai 2021 )

Pas de suivi des personnes

De plus, le système choisi ne suit pas la personne comme un smartphone par exemple. Il se contente de signaler au moment de l’alerte près de quelle borne se situe la personne en danger. Pas avant et seulement pendant 15 minutes après. « La carte dans une poche ne trace rien. Elle envoie un signal à la borne qui la renvoie au système. De plus, les cartes sont anonymes. On ne sait pas où sont les personnels ayant recours à une carte. Toutefois certains refusent de s’en servir » ajoute Jean-Luc Brame.

« Si c’était à refaire, je serais plus exigeant concernant quelques réglages comme le temps de réaction du système et la précision de la géolocalisation. Enfin, plutôt qu’un badge, je porterais plutôt mon choix sur un système aux allures d’une montre ou d’un pendentif par exemple », conclut Fabrice Ferrani, désormais expert sureté et sécurité incendie à l’université de la Sorbonne à Paris, convaincu de l’intérêt du système.

 

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