Des chercheurs israéliens élaborent un simulateur de sortie de crise

L’institut de recherche israélien Technion vient de concevoir un simulateur capable de visualiser les conséquences des différentes options concernant le déconfinement et la sortie de crise sanitaire, et d’adapter en conséquence les achats et l’organisation logistique.

© Technion
De renommée internationale, le Technion est à Haïfa le plus grand institut de recherche d’Israël. C’est là qu’une équipe pluridisciplinaire de scientifiques dirigée par Nir Gavish, enseignant à la faculté de mathématiques, et le professeur Omri Barak, de la faculté de médecine Rappaport, vient de concevoir un simulateur capable d’évaluer les conséquences des mesures gouvernementales sur l’évolution de la pandémie.

Élaboré au départ pour les décideurs israéliens afin qu’ils puissent mesurer les effets des différentes options qui s’offrent à eux, cet outil pourrait également permettre aux responsables d’établissements hospitaliers de mesurer en temps réel les incidences qu’auront ces décisions à leur niveau. « Disponible en hébreu et en anglais, ce simulateur peut être traduit dans n’importe quelle langue pour s’adapter à toutes les situations, indique Nir Gavish, d’autant qu’il intègre des données provenant du monde entier ».

Une application co-construite

Dans l’immédiat, les recherches se sont concentrées sur les données relatives au déconfinement en Israël : « Elles sont aujourd’hui agrégées et intégrées à cet outil pour mieux en appréhender les effets, mais les paramètres peuvent être adaptés en France comme dans n’importe quel autre pays ».

© Technion

Coutumiers de la co-construction, les chercheurs du Technion ont travaillé avec les experts du Cabinet civique israélien, une organisation bénévole de soutien dans la gestion de crise du Covid-19 : « Nous avons conçu cette boite à outils en étroite collaboration avec les chercheurs du Technion, déclare Gal Alon, chef de projet au sein de l’organisation, elle doit permettre aux utilisateurs de mesurer les effets complexes de chaque décision politique et les aider à évaluer les différents plans d’action à leur niveau ».

Les mathématiques de la pandémie

S’il est capable de mesurer les conséquences sociales et économiques des différentes options de sortie de crise, l’outil élaboré par les chercheurs israéliens et disponible gratuitement permet également de simuler les conséquences sanitaires de ces décisions : nombre de malades, nombre de patients ventilés, nombre de décès… Dans le secteur de la santé, ce simulateur peut ainsi permettre aux directeurs d’établissements de visualiser les conséquences des différentes options politiques de sortie de crise sur leur activité et adapter en conséquence leur organisation, leurs achats et leur organisation logistique.

« L’équipe de développement a achevé le processus de modélisation, confie Nir Gavish, les données qui se sont accumulées avec le déconfinement, notamment celles qui concernent l’impact de la réouverture des entreprises et des écoles, ont été ajoutées au modèle. Le simulateur permettra ensuite à ses utilisateurs d’évaluer les conséquences des différentes options politiques possibles : reconfinement, isolement de certaines tranches d’âge, réouverture complète ou partielle des établissements scolaires, autant d’hypothèses qui nécessitent des équipements de protection ainsi que des mesures de distanciation sociale, le lavage des mains et le port de masques… ».

Prévision des matériels et des équipements

Les utilisateurs de cet outil de gestion de sortie de crise pourront saisir une large gamme de variables : « L’algorithme fournira tous les effets qui en résultent, poursuit Nir Gavish, permettant ainsi aux responsables d’établissements de santé de concentrer la discussion sur des questions spécifiques telles que le nombre de lits d’hôpital disponibles, les matériels à prévoir, les stocks de médicaments ou d’équipements de protection individuelle à reconstituer en cas de besoin… ».


Pour Nir Gavish, en Israël comme ailleurs, de nombreux plans de déconfinement ont été rendus publics sans pour autant que les modèles mathématiques sur lesquels ils étaient basés — lorsqu’il y en avait — n’aient été dévoilés : « Le partage d’informations sur ces outils et les données sur lesquelles ils sont basés doit permettre de conduire une discussion pragmatique sur les stratégies de sortie et aidera la communauté scientifique à contribuer au processus décisionnel ».

Un outil d’aide à la décision

Un avis que partage le professeur Omri Barak, enseignant à la faculté de médecine Rappaport : « La transparence permet d’associer et d’impliquer le public. Notre simulateur sera accessible à tous ceux qui veulent l’utiliser et chacun pourra ainsi comprendre pourquoi certaines décisions sont prises plutôt que d’autres. Cela renforcera la confiance, qui, selon nous, est une ressource presque aussi importante que le nombre de lits d’hôpitaux. La confiance basée sur la transparence renforcera le respect des directives et sera ainsi bénéfique pour nous tous ».

Nir Gavish et Omri Barak tiennent toutefois à souligner les limites de cet outil : « Le simulateur ne remplace pas la prise de décision et ne fournit pas de réponses opérationnelles sans équivoque, il ne fournit pas non plus de réponses complètes à toutes les questions, mais il permet aux décideurs d’évaluer les différentes options, d’en mesurer les conséquences, et de contribuer ainsi à l’amélioration et l’optimisation du processus décisionnel ».

Le simulateur du Technion :

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