Considérer le point de vue des patients en architecture hospitalière

C’est paradoxal, mais la prise en compte de l’expérience patient lors de la conception des espaces hospitaliers ne va pas de soi. C’est pourquoi l’atelier d’architecture Michel Remon accueille en son sein, depuis janvier, une doctorante en philosophie qui cherche à comprendre le vécu des malades. La démarche originale a été présentée lors de la 62e journée d’études et de formation des ingénieurs hospitaliers de France.

© Epictura

Lorsqu’elles construisent ou réhabilitent des espaces de santé, les équipes chargées du projet écoutent de plus en plus les équipes soignantes. A l’image de l’étroite collaboration menée par les Hospices civils de Lyon sur le projet Bauréals (près de 200 professionnels embarqués). Il n’en va pas forcément de même pour d’autres usagers, en l’occurrence les patients. Un manque qui a incité un atelier d’architecture bien connu du milieu, celui de Michel Remon, à intégrer, depuis janvier, dans son équipe Coline Periano, doctorante en philosophie, qui prépare une thèse sur « l’architecture hospitalière et le soin pour les malades chroniques ».

« Elle va auprès des patients chroniques dans les établissements de santé, elle cherche à comprendre leur vécu et leurs besoins et les rapports qu’ils entretiennent avec l’espace hospitalier. Elle analyse les récits, les rapporte à la littérature scientifique des sciences humaines », a expliqué Michel Remon, le 22 juin, lors de la 62e journée d’études et de formation des ingénieurs hospitaliers de France, au Palais des congrès à Paris.

Appel aux établissements

La première année de thèse est consacrée à la construction d’une méthodologie, pour mieux recueillir « une vision personnelle et intime de l’espace parfois difficile à exprimer », a complété Coline Periano. Le recueil des données, qui a débuté par une mise en relation avec les comités de patients et des entretiens avec des malades dans leurs chambres, sera poursuivi en 2023. Désireuse de diversifier ses sources, la doctorante a donc appelé les établissements de santé intéressées par l’initiative, à se manifester.

Il est évidemment trop tôt pour dégager de grands principes, mais des problématiques émergent selon la doctorante, entre autres la difficulté de gérer le passage à l’hôpital, moment en retrait de la vie, sans vraiment pouvoir partager avec ses proches, ou d’avoir une chambre plus « familière », plus proche d’un cadre domestique. Cette interaction stimulante entre philosophie et architecture devrait déboucher, pour Michel Remon, sur « l’invention » de nouveaux espaces, de nouvelles formes d’aménagement innovantes et pertinentes, « permettant de bâtir des projets hospitaliers qui favorisent les nouvelles relations entre soignants et soignés. »

 

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