CHU Nîmes : une imprimante 3 D redore la « pilule maison »

Des comprimés parfaitement dosés et à la qualité contrôlée… Alors que le contexte renforce la tendance aux « préparations maisons », le CHU de Nîmes prend une longueur, voire une couche d’avance, grâce à une imprimante 3D qui allie le meilleur du liquide et du solide. De quoi, notamment, mieux faire passer la pilule aux enfants.

Comprimé en forme de nounours © CHU Nîmes

De rupture d’approvisionnement en crise de souveraineté, la pandémie n’a certes pas épargné l’industrie pharmaceutique. Ainsi le concours salutaire du CHU de Nîmes qui, en plein Covid, va, avec quatre autres CHU, fournir des curares aux réanimations suffirait-il sans doute – à lui seul – à justifier l’existence des unités de préparation de médicaments (UPM).

Mais aussi forte soit-elle, l’image ne doit pas effacer celle d’un quotidien tout aussi marquant, « une activité essentielle suppléant depuis une dizaine d’années l’absence de spécialités disponibles ou adaptées sur certains marchés apparus trop complexes ou insuffisamment rentables pour le secteur privé », rappelle Ian Soulairol, pharmacien responsable de l’UPM nîmoise créée en 2017.

Les enfants, « parents pauvres » de l’industrie pharmaceutique

Produits ophtalmologiques, antidouleurs, formules dermatologiques, thérapies innovantes et médicaments de niche… Entre préparations magistrales (à l’unité) et préparations hospitalières (par lots), difficile de chiffrer le volume produit depuis cinq ans par l’UPM nîmois au regard des médicaments journellement distribués dans l’établissement.

« Mais ce qui est sûr, c’est que pour les patients concernés, ces solutions « homemade » sont les seules capables de répondre exactement à leurs pathologies », pose Ian Soulairol. Alors que l’étroitesse du marché et la difficulté à mener des essais cliniques sur ces classes d’âge n’incitent guère l’industrie à s’engager sur ce marché, les médicaments pédiatriques en sont certainement l’illustration parfaite.

© CHU Nîmes

« Pour autant, la pratique y est délicate avec, d’un côté des particularités pharmacodynamiques qui contraignent la délivrance de formes solides, notamment par les difficultés d’une posologie précise, et, de l’autre, des formes liquides plus instables dont le dosage peut – par ailleurs – s’avérer source d’erreurs », résume le professionnel. Acquise pour la première fois par un CHU en avril dernier, une imprimante 3 D va permettre de changer de paradigme en alliant le meilleur des deux options.

Un seul « imprimé » pour plusieurs médicaments

La technique existe depuis 2015, avec des techniques d’impression qui évoluent sans cesse. Né des avancées d’une ex-start-up française, le nouvel équipement nîmois acquis pour moins de 100 000 euros, fabrique ainsi des comprimés – ou plus exactement des imprimés – de manière additive, couche par couche et par dépôt de gels, à partir d’une cartouche contenant des excipients et la molécule active.

© CHU Nîmes

« Le contrôle est ainsi assuré sur toute la ligne de production et les dosages totalement adaptables, sans plus avoir à ouvrir les gélules et sans aucune erreur possible », se félicite Ian Soulairol. Idéale donc pour les enfants par son ajustement parfait aux poids et à l’âge, la nouvelle approche est aussi particulièrement indiquée pour les seniors, d’autant que ces pilules personnalisées permettent de regrouper plusieurs médications dans une même impression, voire d’en programmer différemment la libération de substances. Fini donc les piluliers journaliers remplis à ras bord.

Des comprimés en forme de nounours

Après des tests de formulation toujours en cours (travail sur la variation des doses et sur les temps de libération) et des essais cliniques projetés sur le second trimestre 2023 avec l’aval du guichet innovation de l’ANSM, l’imprimante 3D du CHU de Nîmes devrait être totalement opérationnelle en fin d’année prochaine.

© CHU Nîmes

Aux côtés d’une nouvelle presse à comprimés dédiée aux petites séries, elle sera alors la pièce maîtresse du nouveau bâtiment de 700 m2 que le CHU réserve à la technologique pharmaceutique. Un site où ne se fabrique rien de moins que l’avenir d’une médecine personnalisée, et ce jusqu’à la forme même des pilules qui, du nounours à l’étoile et sans limite autre que l’imagination, la feront incontestablement plus douce à avaler.

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