Vincent Berne : intégrer le facteur humain à la logistique

Nouveau directeur des achats, de la logistique, des infrastructures, de la sécurité et de l’environnement du CHU de Saint-Étienne, Vincent Berne présente à 43 ans un profil atypique puisque c’est après avoir commencé sa carrière dans l’industrie et la grande distribution qu’il a fait le grand saut dans le secteur de la santé.

Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser ce Stéphanois à intégrer la fonction publique hospitalière alors qu’il avait une carrière toute tracée dans le privé ? Le goût du risque puisque le challenge qu’on lui proposait alors en aurait découragé plus d’un, surtout en venant du privé. Le goût du risque mais pas seulement : « L’humain, intégrer une dimension humaine à mon métier quand je n’avais donné jusqu’alors que dans la logistique pure et dure ».

Et c’est vrai qu’avec un master 1 en logistique industrielle et un master 2 en management de la supply chain en poche, Vincent Berne n’avait aucune prédisposition à exercer en milieu hospitalier. Mais en 2004, alors qu’il n’avait que 27 ans, il voit passer l’offre d’emploi du CHU de Saint-Étienne. L’occasion pour lui d’intégrer enfin une dimension humaine à la logistique et surtout de relever avec ses agents un incroyable challenge.

Déménager un hôpital en pleine activité

Quatre ans ! Il aura fallu quatre ans aux équipes du CHU et à son nouvel ingénieur en logistique pour préparer le transfert d’activité de l’ancien site vers le nouveau bâtiment du CHU programmé pour 2008 : « Il ne s’agissait pas de ne transférer que du mobilier de bureau ou des ordinateurs, mais de déménager tous les services et, surtout, d’assurer dans des conditions optimales de sécurité le transfert des lits de chirurgie, d’urgence et de réanimation alors qu’ils étaient occupés ! ».

Mission réussie pour Vincent Berne qui, tourné vers l’avenir, considère aujourd’hui que « c’est un vieux dossier qui ne mérite pas que l’on s’y appesantisse plus que ça ». D’autant qu’il devait mener de front l’optimisation des fonctions logistiques du CHU : « Il ne s’agissait pas là non plus de logistique traditionnelle, mais d’échanger avec les soignants, tous les métiers du centre hospitalier, afin que nous puissions apparaître comme de véritables prestataires de services ».

Décloisonner les fonctions support

En 2011, trois ans après avoir conduit avec ses équipes ce transfert hors normes, il devient directeur adjoint des achats et de la logistique. L’optimisation des fonctions logistiques du CHU se poursuit et le voici quelques années plus tard directeur-adjoint des achats, de la logistique, des infrastructures, de la sécurité et de l’environnement avant d’en devenir le directeur à part entière le mois dernier.

Mais pourquoi avoir regroupé tous ces services au sein d’une même direction ? « Nous devons faire gagner du temps aux différentes unités de soins en coordonnant pour eux toutes les fonctions support, en les décloisonnant afin que les soignants puissent disposer d’un véritable guichet unique. Chacun des 720 agents de la direction est un véritable prestataire de service ». Depuis longtemps selon lui au cœur de la réflexion dans le privé, la logistique l’est aujourd’hui dans le secteur hospitalier.

Lorsqu’on lui demande quel est actuellement son grand sujet, il ne peut s’empêcher de répondre spontanément : « La deuxième vague, ça ne vous dit rien ? Avec un taux d’incidence de 1 103 pour 100 000 habitants sur les sept derniers jours glissants et un taux de positivité de 32 %, notre département est aujourd’hui le plus touché de France » (Les données épidémiologiques évoluent très légèrement à la baisse depuis l’interview réalisé le 5 novembre dernier, NDLR).

Écrire l’avenir du CHU

Ce qui ne l’empêche pas de conduire dans le même temps plusieurs autres gros dossiers : « Lancé il y a trois ans, notre schéma directeur immobilier est un dossier stratégique de 80 M€, poursuit-il, nous sommes en train d’écrire l’avenir du CHU ». En effet, trois chantiers sont menés de front et l’intérêt, pour lui, est qu’ils sont chacun dans des phases différentes d’exécution : « Le nouveau bâtiment de psychiatrie est en cours de construction alors que nous sommes en phase de jury de concours d’architecture pour l’unité de gériatrie, et en phase de réflexion pour le pôle mère-enfant ». Tout devrait être bouclé d’ici 2024.

D’autres déménagements sont donc en perspective : « Ce devrait être moins compliqué cette fois-ci conclue-t-il, nous avons l’expérience et ce sont des secteurs moins techniques, sauf le pôle mère-enfant avec son bloc obstétrique ». Reste à terminer la convergence des marchés avec la vingtaine d’acheteurs que compte le GHT : « Sur un volume annuel de 330 M€, nous en sommes à 70/75 % de réalisation et nous n’atteindrons certainement pas les 100 % d’ici la fin de l’année comme le souhaitait la DGOS, mais avec le contexte actuel nous ne sommes pas le seul GHT dans ce cas ».

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