Un club achat national des SDIS pour agir à grande échelle

Avec près d’un milliard et demi de dépenses annuelles, les Sdis constituent collectivement une force d’achat substantielle. Celle-ci se concentre désormais au sein d’un club, né en mars, dont l’ambition économique se double d’une vocation pédagogique. Un nouveau fer de lance pour gagner en cohérence et construire chez tous les sapeurs-pompiers une politique achat performante, responsable et durable.

De gauche à droite : Julien Fischer, chargé de la mission stratégie achat "sécurité civile" et animation du réseau des SIS, Philippe Lechat responsable service achats et marchés publics du Sdis 72, François Merlingeas, chef du service achat public du Sdis 17, Sophie Lapisardi, avocate, et Stéphane Petit, chef du pôle action économique et modernisation au ministère des Armées.

Plus de cohérence, plus de professionnalisme, plus de poids… Sur l’échiquier des Sdis (Service d’incendie et de secours), le mot « club » vient d’être placé pour compter triple. Depuis le 22 mars dernier, tous sont en effet réunis dans une nouvelle démarche intégralement dédiée aux achats, « un regroupement opéré à l’initiative de la Direction de l’évaluation de la performance, de l’achat, des finances et de l’immobilier du ministère de l’Intérieur (DEPAFI) et conçu en collaboration avec l’ensemble des 97 services départementaux pour répondre aux problématiques de chacun », précise Julien Fischer, officier de sapeur-pompier en charge de la mission stratégie achat « sécurité civile » et animation du réseau des Services d’incendie et de secours (SIS) au sein dudit ministère.

Un chiffre à lui seul pourrait justifier cette création : « 2 milliards d’euros – tous segments confondus – chaque année dépensés par les forces de sécurité civile, dont les deux tiers relèvent des seuls Sdis », énonce l’animateur ministériel. De quoi assurément « faire poids » face aux fournisseurs, quand les mutualisations existantes ne massifient les commandes qu’à l’échelle de certaines zones géographiques ou familles d’achat (lire notre article du 25 mai 2021).

Une stratégie collective « dans les tuyaux »

Vincent Roberti, directeur de l’évaluation de la performance, de l’achat, des finances et de l’immobilier (DEPAFI), lors du lancement du club.

Pourtant, et aussi essentiel soit-elle, l’optimisation budgétaire ne résume pas toute l’ambition de la création : « face au polymorphisme de la fonction achats et aux différents degrés de maturité des Sdis en la matière, l’idée est aussi de gagner en cohérence, pour construire une politique achat performante, responsable et durable », détaille Julien Fischer. Alors que la majorité des organisations n’affiche toujours pas de services spécialisés, les achats étant généralement répartis entre les pôles techniques (sourcing…) et une fonction marché rattachée au service juridique ou aux finances, le déploiement d’une stratégie collective est donc en jeu.

Développement durable, développement social, innovation, accessibilité aux PME et TPE et cohérence économique sont ainsi les cinq leviers que l’unité nouvelle doit permettre d’actionner ensemble et simultanément. Et parce qu’il n’y a pas d’achats réussis sans fournisseurs de qualité, le club achat veut aussi contribuer à fortifier les filières concernées et y stimuler l’innovation en donnant plus de visibilité aux attentes de la sécurité civile.

Deux ateliers sur le feu en même temps

Âgé de quelques jours à peine, le nouveau club achat des Sdis est d’ores et déjà opérationnel, « prêt à fonctionner à la manière d’un cabinet d’ingénierie pour accompagner les Sdis qui le souhaitent dans leur montée en compétence et forger des experts métiers au sein de chaque organisation », promet Julien Fischer. Deux types d’ateliers se sont pour cela structurés.

© SDIS 35

Composé d’une quinzaine de référents professionnels issus des groupements (responsable de service achat, directeur administratif et financier, chef de groupement technique, acteur de la commande publique…), le premier sera le bras armé pédagogique du club, chargé d’appuyer les Sdis dans le développement stratégique de leur fonction achat. Sa formation est en cours – avis aux amateurs – pour une opérationnalité prévue dès l’été.

Une rencontre fournisseurs programmée

À ses côtés, le second atelier est, lui, destiné à devenir l’outil de performance économique du collectif au service duquel il déploiera des stratégies d’achat communs sur tout segment préalablement identifié. Ceux qui bénéficient déjà d’une dynamique de mutualisation ou travaillent avec une centrale d’achat devraient aussi y voir un intérêt car, « loin de s’y substituer, l’idée est de renforcer ces process en fluidifiant les relations et simplifiant les points de contact », assure l’animateur.

Lancée dès la fin du mois de mars auprès des 97 membres, une première consultation de programmation pourrait déboucher à l’automne sur une première rencontre fournisseurs… Et conséquemment sur de premiers gains notables : « préfiguré depuis un an, le modèle a d’ores et déjà fait ses preuves en permettant à quelques Sdis de réaliser 25 % d’économies sur certains segments d’achats », se félicite Julien Fischer. Effectivement de quoi donner le feu vert !

 

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