Sylvie Pigeron : « Donner envie d’aller plus loin »

Il est de ces rencontres qui vous rendent meilleur. De ces personnes lumineuses au point que vous regrettez de ne pas avoir croisé leur route plus tôt. Sylvie Pigeron est de celles-ci. La nouvelle directrice des achats et des ressources matérielles du centre hospitalier d’Arles affiche à 46 ans à peine un parcours professionnel que d’autres mettraient trois vies à ne pas accomplir. Curieuse, fonceuse, enjouée, cette amoureuse du terrain veut donner à ses équipes l’envie d’aller toujours plus loin. Mais avec empathie, car le respect se mérite…

Vous l’aurez deviné dès ces premières lignes, nous sommes tombés sous le charme. Comment pourrait-il en être autrement ? Sylvie Pigeron a un vécu professionnel qui ferait pâlir d’envie n’importe quel ancien de l’EHESP, mais l’écoute, l’attention qu’elle porte à son entourage est son moteur. Enfin, l’un de ses moteurs si l’on peut dire, car la passion qu’elle porte à l’univers hospitalier en est un autre. L’amour qu’elle a du terrain et de l’action également. Elle aurait voulu être chirurgienne mais n’était pas assez portée sur les disciplines scientifiques pour y arriver, confie-t-elle en toute franchise, donc elle est entrée à l’hôpital d’une autre manière avec un DEA en droit public (mention « Les transformations du droit public économique »).

D’adjointe des cadres à directrice adjointe

Entrée par la petite porte à l’AP-HP en passant le concours d’adjoint des cadres hospitaliers en 2002, elle y fera une partie de sa carrière jusqu’à devenir en 2017 la directrice adjointe des achats en produits de santé de l’AGEPS, l’agence générale des équipements et produits de santé de l’APHP. Le Graal pour bon nombre d’acheteurs hospitaliers : « Entre 1,2 et 1,6 Mds € pour couvrir les besoins en produits de santé de 38 hôpitaux regroupés désormais en 6 GHU au nombre desquels figure le CHU de la Pitié-Salpêtrière, le plus gros d’Europe ».

Elle y reste jusqu’en 2019, après avoir formalisé une politique achats et approvisionnements en produits de santé et installé une fonction contrôle de gestion achat. Mais il ne faut pas croire qu’elle soit restée Parisienne durant toutes ces années et nous brûlerions les étapes si nous faisions l’impasse sur l’école de Rennes, le CHU de Dijon et le centre hospitalier des Pyrénées à Pau…

Apprendre, apprendre et apprendre encore

À l’APHP, avant de prendre la direction de la province, Sylvie Pigeron accumule les expériences : rédactrice de marchés publics en équipements biomédicaux, chargée des droits des patients et des relations avec les associations à l’hôpital Lariboisière et à Fernand Widal, acheteuse juriste marchés publics au Pôle d’Intérêt Commun achat (achats centraux hôteliers, alimentaires et technologiques), auditrice interne ISO 9001 sur le processus management des marchés, chargée de la commission des marchés publics rattachée au secrétariat général de l’APHP…

Elle trouve tout de même le temps de préparer le concours d’accès à la prépa de l’EHESP, pas peu fière d’être sortie première de la plus petite promo de la prépa interne DH de l’histoire. Une réussite qu’elle ne peut partager seule, car son chemin venait de croiser celui de Philippe Maraval, alors directeur des achats généraux de l’APHP : « C’est lui qui m’a encouragé, qui a su me donner confiance, me prouver que l’on peut toujours tout réussir pour autant d’essayer, confie-t-elle, il y a des rencontres que l’on pourrait presque qualifier de providentielles, ces rencontres qui changent le cours d’une vie professionnelle ».

Elle croit à ces rencontres, à ces transmissions de savoir : « Il avait dix ans d’avance dans les achats car il avait conceptualisé le programme Phare bien avant qu’il n’existe ! ». Direction Dijon où elle effectue son stage d’élève directeur dans un CHU tout neuf : « Il était alors à la pointe de ce que l’on pouvait imaginer en matière de fonctions supports achat-logistique, se souvient-elle avec enthousiasme, c’est là que j’ai décidé d’ajouter la logistique à mon arc ».

La passion du terrain

En 2014, la voici Béarnaise pour son premier poste de direction au CH des Pyrénées : « J’étais enfin directrice des achats et de la logistique d’un centre hospitalier, en prise directe avec les réalités du terrain, tout ce que je désirais ». Avec un nouveau challenge à la clé : « Après deux ans de travail acharné, nous avons obtenu la certification ISO 22000 pour le management de la sécurité des aliments, et tout ça sans ingénieur ». Une certification que ne parviennent à obtenir que les plus gros établissements de santé ou CHU…

Cette expérience paloise, c’est sans doute ce qui a poussé Sylvie Pigeron à refermer sa parenthèse parisienne. Car après trois années passées en Béarn, et malgré le bâton de maréchal obtenu à la direction adjointe de l’AGEPS, l’attrait du terrain reste le plus fort et le poste de directrice des achats et des ressources matérielles ouvert au CH d’Arles semblait fait pour elle. Il l’était, en effet, puisqu’elle l’occupe depuis le 8 mars dernier.

Restructuration de l’offre de soins

« Il y a ici un très beau projet à réussir, défi à relever, explique-t-elle avec enthousiasme, celui de la restructuration de l’offre de soins publique et privée arlésienne ». Un ambitieux projet qui va voir le jour après un long processus de maturation : « Avec le soutien de l’ARS, nous allons notamment développer l’activité de soins critiques en accueillant au sein de l’hôpital le GCS clinique Jeanne d’Arc ». Un chantier estimé à plusieurs millions d’euros qui va nécessiter d’importants travaux au centre hospitalier, mais qui va modifier profondément l’offre de soins en pays d’Arles.

Un nouveau challenge pour Sylvie Pigeron ? « Non, ce n’est pas mon challenge, c’est celui de toute une équipe ! ». Venant de n’importe qui on pourrait suspecter de la démagogie facile, mais pas après avoir parlé avec elle des heures durant. Sylvie Pigeron fait partie de celles qui veulent rendre à la vie ce qu’elles ont reçu. Et surtout donner aux autres l’opportunité d’y croire : « J’ai toujours cette citation de Peter Drucker en tête : “La raison d’être d’une bonne organisation est de permettre à des gens ordinaires de faire des choses extraordinaires…” ». Vous ne tomberiez pas sous le charme vous aussi ?


1 réaction
  1. MARAVAL dit :

    Sylvie votre indulgence est sans doute la fille des années qui ont passé depuis notre collaboration à l APHP. Mais de votre coté l alliance d’ empathie et de détermination inoxydable je n en ai guère croisée depuis.Votre parcours en témoigne.

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