Sophie Dupuy : de la mer des Caraïbes au Golfe du Lion

Arrivée à la direction des achats et de la logistique du CH de Perpignan il y a deux mois, Sophie Dupuy pilote également la direction des achats du GHT Aude Pyrénées. Avant de découvrir cette ville dont Dali avait fait le centre du monde, elle a exercé au CHU de Point-à-Pitre. Quatorze années inoubliables, très riches et variées, tant au niveau opérationnel que sur le plan stratégique.

Le poste qu’occupe aujourd’hui Sophie Dupuy couvre une large amplitude : direction des achats, de la logistique, des équipements biomédicaux, du développement durable, et la coordination des achats du GHT Aude Pyrénées dont le CH de Perpignan est l’établissement support. « Un très bel établissement qui a tout d’un CHU, dit-elle avec enthousiasme ».

Et elle sait de quoi elle parle, puisqu’elle a effectué pratiquement toute sa carrière au sein d’un CHU, celui de Guadeloupe. En effet, sitôt sortie de l’école de Rennes, en 2005, Sophie Dupuy prend la DRH de l’hôpital de Meaux (2300 agents). Elle y reste deux ans avant de s’envoler en 2007 vers les Antilles pour des raisons familiales. À Pointe-à-Pitre, elle prend le poste de directrice des affaires juridiques et générales, coiffant également la communication. Et c’est le début d’une grande aventure.

La quasi-totalité des directions fonctionnelles occupées

L’actualité récente en donne une idée assez précise avec les actions de sabotage que dénonçait il y a quelques jours Valérie Denux, la DG de l’ARS Guadeloupe : « Huile de vidange déversée dans les bureaux de la DRH, colle dans les serrures, actes malveillants de la part du personnel du CHU opposé à l’obligation vaccinale ». Sophie Dupuy qualifie d’ailleurs de Gérard Cotellon, l’actuel DG d’homme « extrêmement courageux et solide » Sophie Dupuy, elle, y a compté huit directeurs généraux en 14 ans… Au point qu’elle n’a rencontré le directeur général qui l’a choisie qu’à l’occasion de son entretien de recrutement. Il avait déjà été débarqué alors qu’elle prenait son poste en février 2007.

Mais en Guadeloupe, sans doute à cause de cette particularité, elle a eu l’occasion d’occuper la quasi-totalité des directions fonctionnelles, ce qui lui permet d’avoir une grande connaissance d’un établissement de santé : recherche clinique, informatique, logistique, services techniques, biomédical, secrétariat général adjoint, coopérations internationales, projet d’établissement, direction référente du pôle médico technique (premier contrat de pôle signé en juin 2018, tout un symbole…)

En 2010, il faut faire face à l’afflux de sinistrés après les séismes en Haïti : « Le regard de ces enfants venus de l’enfer, cette odeur de mort, je m’en souviendrai toute ma vie… », gérer en 2017 les réorganisations suite aux ouragans Irma et Maria, puis l’incendie du CHU (évacuation de 1 200 personnes dont 700 patients en deux heures à peine). Autant d’indicateurs qui permettent de se faire une idée de la femme qu’est Sophie Dupuy qui, pour refermer l’évocation de sa carrière antillaise, n’est pas peu fière de reconnaître qu’elle n’a jamais eu de grève dans sa direction alors qu’elle a eu à manager jusqu’à 400 agents.

L’humain d’abord

Diplomate ? Plus que ça, bien plus. Attentive, engagée, curieuse, empathique, enjouée, travailleuse… Elle ne se lasse pas de le répéter, l’hôpital perpignanais a tout d’un CHU : « Il le deviendra peut-être un jour, en tout cas je l’espère, car c’est réellement un très bel établissement avec de beaux projets, piloté par Barthélémy Mayol avec qui je prends un réel plaisir à travailler. 700 lits, 3 200 agents, 250 médecins, 3 IRM, 1 gamma caméra, 2 TEP scans, 1 CRB, des chercheurs, des externes… ».

Mais aussi les 178 agents que Sophie entend bien tous rencontrer comme elle a déjà commencé à le faire dans les services qu’elle a parcourus les uns après les autres : « Je suis une femme de terrain et je gère de l’humain, dit-elle, convaincue que c’est là que se trouve le capital le plus précieux de l’hôpital. Un collaborateur bien dans son travail n’est-il pas plus efficient ? » Elle est très attentive à l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle. Mère de trois enfants de 8, 12 et 15 ans, elle sait comprendre ses équipes et les écoute : « Comment peut-on mener à bien des projets si ce n’est pas fait de manière collégiale ? ».

Les achats, levier essentiel

Sur sa table de chevet, “Innovation et management des structures de santé en France”, « un ouvrage de référence réalisé sous la direction de Jean-Luc Stanislas grâce à l’expertise de 54 auteurs dressant une cartographie des nombreux défis à relever ». Sa Bible du moment. L’humain est au centre de sa réflexion, son expérience de DRH n’y est pas pour rien. Ce qui ne l’empêche bien évidemment pas de travailler ses cœurs de métiers et intégrer les profondes mutations auxquelles se préparent les hôpitaux après la crise du COVID.

« On n’appréhendera plus jamais la logistique comme avant, assure-t-elle, la crise sanitaire l’a mise sur le devant de la scène et a montré à quel point elle est essentielle à la vie de l’hôpital ». Même constat avec les achats : « Avec mes collègues du GHT nous raisonnons global, dit-elle, nous raisonnons local, nous privilégions ce qui est produit sur notre territoire ». Elle le martèle, les achats sont un levier essentiel : « Il s’agit du deuxième poste de dépenses de l’hôpital ! ». D’où le point d’honneur qu’elle met à en assurer une parfaite traçabilité : « L’an dernier nous avons lancé 664 marchés, 91 marchés classiques et 573 marchés en groupement d’achats. »

 

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