Les tendances pour l’achat hospitalier allemand en 2021

Coordination, digitalisation et développement durable. Voilà les trois thèmes promis à être très « tendance » Outre-Rhin durant les douze prochains mois. C’est en tout cas ce qui ressort des échanges entre professionnels du dernier congrès 100% digital des acheteurs hospitaliers allemands (Beschaffungskongress der Krankenhäuser), qui s’est déroulé les 2 et 3 décembre derniers.

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En Allemagne, l’organisation de la santé est fédérale, avec une compétence déléguée aux différents Länder. Cette régionalisation a pu poser des difficultés en 2020, en particulier pour mettre en place un effort coordonné permettant l’approvisionnement en équipements de protection individuelle. Ministre fédéral de la santé, Jens Spahn a annoncé la création d’une réserve nationale de santé, composé des produits et équipements médicaux importants (équipements de protection individuelle, ventilateurs et médicaments).

Sécuriser les approvisionnements en temps de crise

Le matériel sera stocké dans 19 emplacements à travers le pays. Avec un objectif : répondre aux besoins d’une région pendant un mois. Des contrats avec les fournisseurs viseront également à garantir des approvisionnements consécutifs pour une durée d’au moins six mois. En 2021, la réserve sera principalement constituée de masques déjà achetés. À partir de 2022, Jens Spahn a indiqué que des matériels de fabrication allemande seront privilégiés, alors qu’ils provenaient principalement de Chine jusqu’à présent.

Les coûts de la réserve nationale devront être amortis par un « système de roulement », a déclaré Jens Spahn. Les équipements de protection conservés seront revendus sur le marché en temps utile avant la date d’expiration et remplacés par de nouveaux stocks dans les entrepôts, pour éviter d’avoir à détruire régulièrement des stocks périmés.

Digitalisation des achats et de la logistique

De chaque côté du Rhin, la crise du coronavirus a mis en évidence l’importance des fonctions achats et logistique dans la continuité des soins. La gestion proactive des achats et des stocks a permis de surmonter les goulots d’étranglement de livraison pour les produits critiques. Néanmoins, la faible numérisation des achats dans les hôpitaux allemands fait obstacle à une gestion cohérente des approvisionnements.

Le 3 juin 2020, le Parlement allemand a voté un programme pour le futur de l’hôpital (« Zukunftsprogramm Krankenhäuser ») qui est entrée en vigueur le 29 octobre. À partir de cette année, le gouvernement fédéral va consacrer 3 milliards d’euros aux hôpitaux à investir dans la modernisation des soins urgents, la numérisation de l’hôpital et la sécurité informatique. Les Länder doivent lever des fonds d’investissement complémentaires à hauteur de 1,3 milliard d’euros.

Comme ce programme national n’a prévu aucun objectif explicite lié aux achats et à la logistique, la priorité a été pour les acheteurs allemands, réunis durant leur congrès, de savoir quels dossiers présenter afin qu’ils soient éligibles aux financements fédéraux, de manière à combler la fracture numérique dans les hôpitaux et à s’outiller, notamment par le recours à l’intelligence artificielle, à l’automatisation et aux plates-formes d’approvisionnement numérique.

La règle des 3 R

Une crise n’en annule pas une autre et les enjeux du réchauffement climatique restent au cœur des préoccupations des acheteurs allemands. En effet, le secteur de la santé a une empreinte carbone qui représente 4,4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les achats peuvent influencer 70 % des émissions de gaz à effet de serre générées dans les hôpitaux. La voie vers un développement plus durable passe par de nouvelles technologies, de bons concepts et des changements de comportement.

Fondamentalement, la règle des 3 R s’applique : réduire, réutiliser, recycler. En 2021, les acheteurs des hôpitaux allemands privilégieront des actions ciblées, comme la réduction de l’utilisation de dispositifs médicaux et l’optimisation de leur cycle de vie grâce au suivi et aux données en direct, la réduction du gaspillage alimentaire, le meilleur tri des déchets médicaux, la réduction des emballages plastique et de l’usage unique quand c’est possible.

Mais la révision de leur stratégie d’achats est aussi au programme, en privilégiant les produits hybrides ou durables en particulier pour les achats de textiles professionnels, qui génèrent 25 % des émissions de CO2 d’une structure de 2000 employés en moyenne.

 

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