Les Cent heures de l’achat, retour gagnant

Après plusieurs années d’absence, les « cent heures de l’achat », formation certifiante mitonnée par l’EHESP et le Resah, reviennent sur le devant de la scène. Interrogés, plusieurs membres de la promo 2021 se félicitent d’avoir suivi un cursus donnant l’opportunité de prendre de la hauteur, d’enrichir sa boîte à outils et de se constituer un réseau.

C’est, à l’instar du Phénix, une renaissance. Créés en 2011, les « Cent heures de l’achat » avaient disparu du paysage de la formation du secteur de la santé en 2019. Dix ans après la première édition, une promo de 9 personnes a été diplômée à l’automne dernier. L’occasion de faire un premier bilan du cursus nouvelle formule.

Les fondamentaux n’ont pas vraiment changé : insuffler une culture achat orientée vers la performance, positionner les achats comme stratégiques, accompagner le changement de la fonction au sein des établissements et fournir des outils aux professionnels. En revanche, le contexte n’est naturellement plus le même avec le déploiement des groupements hospitaliers de territoire.

Cinq modules de trois jours entre mars et juin

Une partie de la promotion lors du remise des diplômes aux journées de l’achat hospitalier en décembre 2021

Élaboré pour des professionnels en poste, le programme, concocté sous la responsabilité d’Olivier Gérolimon, professeur à l’EHESP, et de Catherine Bersani, directrice du pôle conseil au Resah, se compose de 5 modules, étalés de mars à juin, à raison de trois jours par mois : la compréhension des enjeux d’une politique achat, la maîtrise des étapes d’un processus d’achat public, les techniques pour obtenir de la performance, le pilotage et le management des achats, et enfin les orientations stratégiques de l’achat public (démarche responsable, innovation).

Pourquoi participer aux Cent heures ? « Suivre les évolutions du métier et conforter sa vision stratégique des achats », répond tout de go Maryse Christophe, membre de la promo 2021. Déjà diplômée de l’EHESP (D3S), la directrice des achats et de la logistique de l’EPSM de la Guadeloupe avait entendu parler du certificat lors de sa scolarité à Rennes : « j’avais déjà voulu m’inscrire mais le cycle n’existait plus. Je n’ai pas donc pas hésité lors de son retour ». Chargée des achats de travaux, de maintenance et de prestations intellectuelles aux Hospices civils de Lyon, Fanny Garcia, titulaire d’un master achats et professionnelle aguerrie (16 ans d’expérience), souhaitait prendre du recul par rapport à son quotidien. « Je voulais mieux appréhender comment les achats s’imbriquent dans le système de santé ».

Muscler les savoirs

D’autres participants cherchaient avant tout à muscler leurs savoirs juridiques et opérationnelles, à l’image de Laure Gaillard, acheteuse produits généraux et contrôleuse de gestion achat au CHU de Reims. « J’ai travaillé auparavant dans le secteur du logement social et un peu dans le domaine bancaire, j’ai deux masters, l’un en prospective économique, l’autre en administration d’établissements sociaux et médico-sociaux. Je ne suis pas du tout acheteur de formation. J’avais besoin de repères qui me rassurent », explique-t-elle. Même son de cloche chez Aurore Poussier, responsable du service économique et logistique du CH d’Avallon. Cette docteure en droit désirait affiner ses connaissances dans le domaine de la commande publique.

Toutes louent le programme, la qualité des experts, professionnels en activité, et la clarté des interventions. Aurore Poussier confie qu’elle en aurait voulu encore plus ! « C’était passionnant », confirme Fanny Garcia, y compris en distanciel. Car, pandémie oblige, une partie de la formation s’est faite en visioconférence. En raison du décalage horaire avec les Antilles, Maryse Christophe était la moins bien lotie. « Cela m’obligeait à me lever à trois heures du matin. Mais il faut savoir s’adapter et montrer de la persévérance », ajoute-t-elle aussitôt.

L’occasion de se constituer un réseau

Les professionnels interrogés se félicitent également de la qualité des échanges au sein d’un groupe éclectique. La présence d’un acheteur d’un établissement partie a par exemple changé le regard de Fanny Garcia. « Je comprends mieux comment cela se passe de leur côté. Cela m’a aidé dans mon approche avec mes propres prescripteurs internes. » Et le principe du partage, tissé pendant le cursus, continue, notamment via un groupe WhatsApp. « J’ai récemment travaillé sur une consultation et j’ai eu de suite deux réponses. C’est appréciable », illustre Fanny Garcia. « On sait que si l’on a une problématique à traiter, on aura facilement des échanges entre nous », renchérit Laure Gaillard.

Même si l’envie d’apprendre est forte, attention à la charge de travail, préviennent toutefois les anciens. Pas question de se présenter au certificat la fleur au fusil. « Il faut bien comprendre que s’engager dans la formation est un investissement », insiste Aurore Poussier. À l’instar de tous ses condisciples, elle insiste sur le temps nécessaire pour rédiger le mémoire de fin de cursus qui donne lieu à une soutenance devant jury. La plupart des praticiens ont d’ailleurs phosphoré pendant leur temps libre ou leurs congés.

Des mémoires, reflets des problématiques des établissements

Les problématiques retenues pour les mémoires en 2021 sont le miroir des questionnements des établissements : l’évaluation des fournisseurs, la mise en place d’un SI achats, la question des achats innovants et naturellement les équipes achats de territoire. Maryse Christophe a ainsi planché sur la construction d’une fonction achat mutualisée comme un outil fédérateur du GHT. « Quels sont les éléments à faire jouer pour que les établissements parties jouent le jeu, s’intègrent et s’approprient le modèle », résume-t-elle.

Sanctionné par un certificat, le cursus peut-il booster une carrière ? « Je ne l’ai pas fait pour cela. Mais j’imagine que oui. C’est un plus. L’EHESP et le Resah sont deux belles étiquettes », assure Laure Gaillard. La formation a en tout cas fait réfléchir Fanny Garcia. « J’ai envie d’utiliser tous ces outils, de les appliquer concrètement. La formation m’a donnée un nouveau souffle, l’envie d’aller de l’avant. »  « Pour accélérer un parcours professionnel, il faudrait que le certificat soit plus valorisé. Et que la fonction achat elle-même soit aussi plus mise en avant dans le secteur de la santé », estime de son côté Aurore Poussier.

Bref, le bilan est plus que positif, de l’aveu des professionnels interrogés. Pour sa part, Maryse Christophe n’hésitera pas à recommander un cycle qui « colle parfaitement aux problématiques de l’achat hospitalier ». Alors, si vous souhaitez postuler à la promotion 2022, dépêchez-vous : les inscriptions se terminent mi-février.

Pour en savoir plus sur le certificat

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