Evoquer le rôle central de l’achat public dans le développement d’un écosystème local n’est plus du tout tabou. « Pourquoi faire appel à une entreprise implantée sur un autre continent pour produire dans des conditions que nous ne maîtrisons pas ce que l’on peut faire près de chez nous, selon nos critères. En tant qu’acheteur public, vous êtes en mesure de contribuer à la relocalisation et à la réindustrialisation de nos territoires », a résumé Sylvie Mariaud, vice-présidente de la région Ile-de-France, en charge de l’économie sociale et solidaire et des achats responsables, lors du forum achat public du CNA le 12 octobre. « Il ne s’agit pas d’acheter du prix, mais bien d’acheter de la valeur ».
Connaître le vivier
Vincent Deschamps
« Le premier axe de notre Spaser, c’est la proximité » a témoigné Nicolas Lallemand, directeur de la commande publique unifiée des Yvelines et des Hauts-de-Seine. « Et son premier objectif fixé, c’est d’être un levier pour dynamiser le tissu économique local. » Pour y parvenir, il faut déjà connaître le vivier grâce à de nombreux sourcing et la recherche de données, a mis en avant Vincent Deschamps, directeur des achats de la région Auvergne-Rhône-Alpes (qui adresse 86 % de sa dépense à des entreprises de son territoire).
Problème, la « data » manque souvent à l’appel. « On parle beaucoup de l’achat public comme un levier de développement économique et territorial. Mais on ne manque de chiffres précis », a relevé Marc Sauvage, DGA chargé des achats, de la commande publique, du juridique et de l’immobilier à la région Ile-de-France. Comme on ne progresse que sur ce qu’on mesure bien, le CNA a d’ailleurs l’ambition de créer un observatoire de l’achat public.
Instaurer la confiance avec les entreprises
Contribuer à la bonne santé de son tissu économique passe également par la nécessité d’encourager les TPE-PME à candidater aux marchés. La région ARA a déjà depuis plusieurs années une cellule de contact, baptisée Chloé, chargée de démythifier la réponse aux appels d’offres (lire notre article du 21 février 2020). La direction de la commande publique unifiée Hauts-de-Seine/Yvelines s’apprête à en faire de même au début de l’année 2023.
Nicolas Lallemand
Nicolas Lallemand a insisté sur la nécessité d’instaurer la confiance avec les entreprises. Les deux départements organisent régulièrement des journées d’information au cours desquelles les directions opérationnelles viennent présenter la programmation pluriannuelle de leurs marchés. Entre 300 et 500 fournisseurs y participent. Autre chantier en cours : faire en sorte que les DCE sont moins ésotériques et plus compréhensibles.
Label RFAR et innovation
Et après les Hauts-de-Seine, les Yvelines se sont engagées dans la démarche de labellisation RFAR. Afin de mettre en évidence qu’elles établissent des relations équilibrées et durables avec leurs prestataires. Autre élément important dans cette recherche de confiance, rappelé par Nicolas Lallemand, la garantie d’être réglé en temps et en heure. En 2021, les deux départements peuvent se targuer d’un délai de paiement moyen de 21 jours.
La recherche d’innovation incarne un autre moyen de faire progresser son écosystème. La région Auvergne-Rhône-Alpes a ainsi passé un marché pour des cars « rétrofités », de manière à transformer une motorisation diesel à une motorisation à hydrogène. « Le but, c’est de faire la preuve que ce concept fonctionne », a expliqué Vincent Deschamps, mais aussi de permettre à une entreprise locale de « faire la preuve de son savoir-faire, de pouvoir produire un démonstrateur, voire de commencer une pré-série. » Avant de devenir, pourquoi pas, un leader dans son domaine.
