La maîtrise des techniques métier reste à améliorer

A l’occasion de la 6e vague d’Armen, un groupe de travail a mené l’enquête auprès d’une cinquantaine de structures pour savoir quelles techniques les acheteurs connaissent et utilisent en amont pour définir leurs stratégies. Si la culture achat monte indubitablement en puissance, il reste encore des progrès à faire côté usage des outils. Une pierre dans le jardin de la formation. Car la production de valeur passe par la professionnalisation de la fonction achats.

« On a voulu voir ce qui était réellement pratiqué sur le terrain et dans les établissements », a expliqué Chloé Bardet, directrice des achats GHT Sud Val d’Oise et leader du groupe sur les « techniques métier de l’acheteur », lors de la 6e vague d’Armen le 24 juin dernier. 52 organisations ont donc été interrogées. Point positif, les investigations ont montré qu’il y a une « vraie acculturation de l’achat dans les établissements », avec une maturité sur la définition du besoin (85 % ont systématisé le recueil, 96 % le dialogue prescripteur), la pratique du sourcing (88 % en font fréquemment usage), la réalisation d’une cartographie (92 %) ou la formalisation des stratégies s’agissant des établissements les plus importants (64 % pour les CHU). Pour autant, l’enquête a également mis en relief les marges de progrès. Surtout focalisées sur la préparation des marchés, les établissements n’élaborent pas forcément leurs stratégies à partir d’analyses achat : plus de 90 % d’entre eux concentrent leurs efforts sur les clauses et la planification, au détriment de la préparation de la négociation et la stratégie de gestion des fournisseurs.

Une maturité supérieure dans le privé

La cause ? Sans doute une méconnaissance des outils disponibles et des acheteurs peu formés à leur usage. Entre un cinquième et un quart du panel ne connaît pas les matrices de Kraljic et BCG ou encore la méthode des forces concurrentielles de Porter et BCG. Il y a évidemment des exceptions. Les opérateurs nationaux de mutualisation et les GHT de plus grande taille se démarquent par leur professionnalisme accru en obtenant de meilleurs scores que l’échantillon. L’étude a également permis de rappeler que l’écart avec le secteur privé, s’il se réduit, existe toujours. La fonction achat des quatre groupes (Eiffage, Leclerc, Sagem et SNEF) qui ont accepté de répondre aux questions est professionnalisée et structurée. Diplômées, qualifiées et motivées, leurs équipes utilisent les outils précités et sont capables de donner des exemples d’utilisation quotidienne, suivent de manière structurée le travail des fournisseurs, participent à des « challenges » et bénéficient d’intéressements sur les gains qu’ils génèrent. L’optimisation de l’achat est prolongée jusqu’au domaine logistique. Pour Chloé Bardet, la naissance des GHT est favorable à la professionnalisation de la fonction achats jusqu’ici éclatée. Désormais, les entités territoriales ont la masse critique nécessaire pour bénéficier de compétences métier spécialisées.

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *