Jérôme Coustol, 1er médiateur « relations fournisseurs » au CHRU de Nancy

Figure obligée du parcours « Relations fournisseurs achats responsables », la médiation « relations fournisseurs » s’impose comme le pivot central d’une politique d’achats animée par un nouveau dialogue commercial. Au CHRU de Nancy, attributaire du label RFAR depuis peu, Jérôme Coustol inaugure ainsi une nouvelle fonction hospitalière assurément appelée à se développer.

achat-logistique.info : Jérôme Coustol, à vos fonctions premières de contrôleur de gestion achats du GHT Sud Lorraine, vous ajoutez désormais la mission accessoire de médiateur « relations fournisseurs » pour le CHRU de Nancy. Concrètement, quel est donc ce nouveau rôle et comment se positionne-t-il au sein de la direction achats ?

Jérôme Coustol : « Ma mission consiste à faciliter le dialogue entre l’établissement et ses fournisseurs ou prestataires dans le but de prévenir d’éventuels conflits et, le cas échéant, de les résoudre par une voie alternative à la judiciarisation. L’idée est alors d’aider les parties à trouver ensemble une solution qui exprime le meilleur compromis possible pour chacune d’elles, et cela en toute neutralité et indépendance. C’est pourquoi cette fonction a d’ailleurs vocation à se situer plutôt en dehors du « noyau dur » de la fonction achat et à bénéficier d’un niveau de responsabilité propre à garantir ses prises de décision. »

achat-logistique.info : Extérieur aux achats certes, mais malgré tout intérieur à l’établissement… Cela n’entache-t-il pas pour partie cette obligation d’impartialité qui est la vôtre ?

Jérôme Coustol : « Certains estimeront sans doute qu’un médiateur externe apporte une garantie supplémentaire en matière d’objectivité. Mais le médiateur n’ayant de toute façon pas à livrer son analyse, et encore moins son avis, son appartenance ou non à l’établissement n’est, à mon sens, pas un sujet. In fine, je dirais même que c’est au contraire une plus-value, dans la mesure où sa connaissance des lieux, des process et des interlocuteurs peut permettre de dénouer plus rapidement et plus habilement les litiges. »

achat-logistique.info : Alors justement, depuis votre installation, combien de situations avez-vous ainsi accompagnées, pour quels motifs et à l’initiative de qui ?

Jérôme Coustol : « Six sollicitations du médiateur ont eu lieu en 2022, parfois à la demande de la direction des achats mais le plus souvent issues des prestataires auxquels la fonction a été présentée lors d’un webinaire, en mars dernier. Certaines de ces saisines tenaient à de simples blocages administratifs, ces petits points d’achoppements entre public et privé toujours susceptibles de dégénérer s’ils ne sont pas résolus à temps et que la médiation a permis de dépasser en fluidifiant et relançant le dialogue.

Toutefois, la majeure partie des requêtes puisait leur origine dans une problématique de paiement (défaut d’attestation, révision de prix, retard…) face à laquelle une solution gagnant-gagnant a, par ce biais, pu être construite « sur-mesure ». Deux véritables médiations réunissant les parties autour de la table ont été nécessaires et, dans tous les cas, les démarches se sont ainsi conclues par un accord satisfaisant chacune et préservant la relation. »

achat-logistique.info : Pour obtenir ces résultats, quels sont les savoir-faire attendus ? Le diplôme de médiateur est-il obligatoire à l’exercice de la fonction ?

Jérôme Coustol : « Si la certification officielle n’est pas requise, avoir suivi une journée de formation dédiée à la médiation est à tout le moins indispensable. En collaboration avec l’IGPDE, Institut de formation du ministère de l’économie et des finances, la Médiation des entreprises propose à cet effet tout un parcours, de la sensibilisation jusqu’à la formation diplômante en passant par différents approfondissements.

Par ailleurs, le fait de disposer d’une certaine culture des achats est certainement un « plus » afin de mieux comprendre les contraintes des uns et des autres. Mais au-delà de toutes ces compétences techniques toujours susceptibles d’être acquises, l’essentiel tient surtout en quelques savoir-être indispensables, comme l’écoute active, une forte appétence pour la justice et une capacité relative à se détacher de la règle. »

achat-logistique.info : Le parcours national des achats responsables a fait de la médiation une de ses étapes indispensables. Pour autant, cette technique peut-elle faire sens en dehors d’un tel engagement ?

Jérôme Coustol : « Absolument. Si ma propre désignation s’est en effet déroulée dans le cadre de l’adhésion du CHRU à la charte RFAR dont la médiation constitue un préalable obligatoire, cette nouvelle fonction de médiateur « relations fournisseur » intéresse en réalité tout établissement soucieux d’entretenir sur le long terme des relations de qualité avec ses fournisseurs.

En effet, dans le contexte économique qui est le nôtre et au vu du rythme de la justice, qui peut aujourd’hui se permettre de risquer des tensions, voire la rupture, avec un ou plusieurs de ses partenaires commerciaux ? A contrario, tout ce qui peut prévenir le conflit ou le résoudre sans créer de précédent public est donc le bienvenu. »

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