Emmanuel Noé à la tête des ressources matérielles du CH Rodez

Rien ne semblait destiner Emmanuel Noé à une carrière hospitalière, en tout cas intramuros, car c’est de l’extérieur que le directeur des ressources matérielles du centre hospitalier de Rodez a pénétré la forteresse. À quarante ans tout rond, cet Aveyronnais pur jus y a gravi toutes les marches. Tout d’abord responsable du service plans et travaux, il a occupé ensuite la direction des travaux avant de prendre, il y a quelques semaines, son poste actuel qui rassemble le biomédical, les travaux, l’informatique, la logistique et les achats.

© CH Rodez

Comme souvent, hormis peut-être ceux qui ont fait l’EHESP, c’est l’effet du hasard. Ou des opportunités. Ou des rencontres. Pour Emmanuel, ça a été un peu des trois et il se plaît à le souligner. Car qu’est-ce qui prédestinait ce conducteur de travaux chez un major de la construction à devenir un jour ingénieur hospitalier ? « La curiosité, dit-il, la curiosité, mais aussi le hasard et des rencontres ».

Début de carrière à Rodez

Emmanuel Noé a commencé sa carrière à Rodez. Non pas directement au centre hospitalier, mais chez Eiffage où il effectuait son stage de fin d’études : « C’est là qu’a commencé ma carrière, se souvient-il, comme conducteur de travaux pour le gros-œuvre de l’hôpital de Rodez, j’y suis resté deux ans avant que mon directeur ne me propose de partir à Cahors où m’attendait un très gros challenge ». En effet, il s’agissait de la restructuration en site occupé du centre hospitalier, un chantier de neuf ans.

« Pour un professionnel du bâtiment, comme moi, c’était une occasion exceptionnelle de découvrir la complexité de l’hôpital, avoue-t-il avec enthousiasme, jusqu’alors je ne faisais “que” construire, suivre les instructions qu’on me donnait ; là, avec cette profonde restructuration en site occupé, j’ai pu sortir du simple prisme de la construction, toucher à tous les services et comprendre la réalité de l’hôpital ».

Le bâti doit être évolutif

« Idéalement, la structure d’un hôpital doit être évolutive, la machine doit être en phase avec le bâtiment, et l’enveloppe doit être elle-même adaptée à la machine, elle doit pouvoir suivre l’évolution des technologies, d’où l’intérêt des formations biomédicales et, surtout, de maîtriser les contraintes des différents services ». Durant les neuf ans qu’ont pris les travaux, Emmanuel aura en effet partagé les contraintes et les attentes des utilisateurs : « J’ai vu toutes les spécialités, travaillé sur le centre de dialyse, l’imagerie médicale avec scanner et IRM, la stérilisation, les blocs, l’endoscopie, la rhumatologie, les SSR… ».

Pour la balnéothérapie, il a même construit une piscine en étage ! « La conception avait été pensée autour d’une organisation polaire, les rez-de-chaussée étant dévolus aux plateaux techniques ». Une réorganisation en site occupé présente de multiples contraintes et il a fallu procéder par étapes : « Cela a été aussi complexe que passionnant, raconte Emmanuel Noé, démolir, récupérer du foncier disponible, reconstruire, jouer avec les contraintes des services… ». Mais il touchait du doigt ce qu’il avait pressenti très tôt : « L’évolution technologique et l’ingénierie biomédicale allaient bouleverser nos habitudes, car tout devait être de plus en plus interconnecté, j’en étais certain ».

Un hôpital de plus en plus complexe

Déjà titulaire d’un diplôme d’ingénieur INSA en génie civil et urbanisme, Emmanuel Noé se plonge à nouveau dans les études. Il évoque le mastère spécialisé en ingénierie biomédicale décroché à l’EHESP/UTC Compiègne ainsi que sa thèse professionnelle : « Si je devais faire un raccourci, ce serait une analogie entre l’hôpital et le corps humain : les travaux constitueraient le squelette, l’ossature ; les outils, le biomédical, seraient les organes ; et l’informatique, les interconnexions, seraient le système nerveux… ».

Pour lui, la compréhension de ces trois domaines est indispensable : « Qui peut maîtriser cette interaction à part un ingénieur biomédical ? » s’interroge-t-il. Selon Emmanuel Noé, prétendre que ces trois domaines sont indépendants est une hérésie : « On peut là-aussi évoquer les trois “briques” de base qui constituent l’hôpital, à savoir le malade, la médecine et les outils. Ces trois briques n’ayant de cesse d’évoluer et de se spécialiser, l’hôpital se complexifie dans sa progression, les spécialités sont de plus en plus pointues et par conséquent il y a de plus en plus d’interfaces à gérer ».

Le rapport à l’humain

Passionné par son métier, le directeur des ressources matérielles du centre hospitalier de Rodez sait qu’il aurait pu prendre un autre chemin, rester dans le bâtiment : « C’est la complexité du métier qui m’a séduit, un intérêt que mon directeur de travaux avait su exploiter en m’orientant il y a onze ans sur le chantier d’humanisation et de restructuration du centre hospitalier de Cahors, mais c’est surtout le rapport à l’humain qui me motive ». Et de citer Saint-Exupéry : « Le plus beau métier d’homme est le métier d’unir les hommes ».

Aujourd’hui, au centre hospitalier de Rodez, hôpital support du GHT du Rouergue, Emmanuel Noé termine la restructuration des urgences : « Toujours en site occupé, souligne-t-il, et pour cette réhabilitation nous avons intégré dans notre projet les enseignements de la pandémie de Covid-19 ». D’autres travaux l’attendent déjà, comme la rénovation de l’hôpital intercommunal Espalion-St Laurent d’Olt – encore une opération qui sera réalisée en site occupé, il commence à en avoir l’habitude – ou encore la construction de l’Institut cardiologique du Rouergue, qui sera accolé au centre hospitalier de Rodez…

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