CHU Guadeloupe : la solidarité joue à plein

L’hôpital de Pointe-à-Pitre se prépare à combattre l’épidémie depuis le début de l’année, en dépit d’une insularité qui complique ses achats et son approvisionnement. Mais l’établissement antillais peut compter sur la mobilisation de ses équipes et l’implication des entreprises guadeloupéennes qui font le maximum aussi bien en délais de livraison que d’aide au sourcing.

Décontamination d'un service pour accueillir une unité COVID © CHU Guadeloupe

L’hôpital de Pointe-à-Pitre se prépare à combattre l’épidémie depuis le début de l’année, en dépit d’une insularité qui complique ses achats et son approvisionnement. Mais l’établissement antillais peut compter sur la mobilisation de ses équipes et l’implication des entreprises guadeloupéennes qui font le maximum aussi bien en délais de livraison que d’aide au sourcing.

Le CHU de Guadeloupe s’est préparé à l’afflux de patients dès le mois le janvier. Il a donc pris très tôt des mesures pour tenir le choc. Le tout dans un contexte particulier puisque l’hôpital a été durement touché par le passé, en raison des dégâts causés par l’ouragan Maria et un violent incendie en 2017. Lesquels ont eu pour conséquence de restreindre la capacité d’accueil (la livraison d’un hôpital nouvelle génération est prévue pour 2022) « On a la chance d’avoir un directeur général, Gérard Cotellon, qui est un ancien soignant. Chaque jour a lieu une conférence téléphonique à laquelle participent les équipes médicales, techniques et administratives, dont les achats, pour travailler sur toutes les hypothèses de prise en charge des soins et mettre en place un dispositif préventif », explique Ida Jhigaï, directrice des achats du GHT.

 

Ida Jhigai

A l’instar de tous les établissements de santé, le CHU guadeloupéen a scindé ses urgences en réservant une partie aux patients contaminés ou suspectés de l’être et une zone tampon permettant aux personnes accueillies d’attendre le résultat des tests. Il a aussi réagencé les services pour libérer des espaces. La déprogrammation de certaines opérations a permis de récupérer des équipements et du matériel réaffectés à l’unité Covid. « A terme, on espère dégager une centaine de lits et une soixantaine de places en réanimation », estime Ida Jhigaï. Dans le domaine de la logistique, le CHU a également alerté très vite son transitaire, l’ARS et la préfecture sur la nécessité de lui réserver des créneaux prioritaires sur les liaisons aériennes encore maintenues.


Le déploiement de la fonction achat mutualisée maintenu

 


Toutes les équipes, au premier rang desquels le service des maladies infectieuses et tropicales, la réanimation et les urgences, sont mobilisées. La cellule marchés ne fait pas exception à la règle. Pour limiter le déplacement des agents, le télétravail a été instauré. « Nous avons une réunion téléphonique quotidienne le matin. Mais je suis présente sur le site. Et un agent se rend au CHU à tour de rôle. Le bureau est décontaminé à chaque fois après son départ. La crise sanitaire a accéléré le travail à distance que nous avions prévu dans le cadre de la fonction achat mutualisée (FAM) », illustre la directrice des achats. Malgré la crise, les 7 établissements du GHT ont validé le calendrier initial du déploiement de la FAM au printemps, en mode allégé. « C’est l’opportunité d’avoir une équipe très structurée au bénéfice de tous », argue Ida Jhigaï.

Si les équipes soignantes sont en première ligne, les fonctions support ne ménagent pas leur peine pour les aider grâce au pilotage de la directrice de l’organisation et de la performance, Zohra Bansalem. Le CHU met tout en œuvre pour s’approvisionner en équipements de protection et matériels. L’hôpital a par exemple chiffré ses besoins hebdomadaires à 23 000 masques, total que ne couvre pas totalement la dotation de l’ARS. « Ce n’est pas simple, admet la directrice des achats, car tout le monde a commandé en même temps. Et nos volumes sont faibles par rapport à la métropole ».

 

L’implication du tissu économique local

 

Cependant le CHU peut compter sur la solidarité de tous dans l’île. Lorsque le service des maladies infectieuses a été déménagé pour le rapprocher de la réanimation, l’armée a apporté son aide afin de transporter le matériel. Les fournisseurs guadeloupéens sollicités travaillent d’arrache-pied. Endommagé par l’incendie de 2017, un bâtiment de deux étages, capable d’accueillir une cinquantaine de lits, va être décontaminé et nettoyé en mois d’une semaine. Des travaux sont réalisés à grande vitesse pour installer 8 lits de réanimation dans l’ancien self. « C’est une course contre la montre », insiste Ida Jhigaï.

Dans un autre registre, un fournisseur local a trouvé une solution afin de fournir des casques téléphoniques nécessaires aux renforts recrutés par le centre d’appels du SAMU dans un délai d’une semaine. « Pour faire face à l’augmentation des appels de personnes inquiètes, 30 personnes ont été recrutées. Il a fallu trouver 150 casques. Car l’objectif était, pour éviter toute transmission du virus, de doter les agents de manière individuelle tout en disposant d’un stock en cas de besoin. » Le réseau économique local a aussi apporté son appui à l’hôpital pour élargir le sourcing.  C’est par son intermédiaire qu’un fournisseur turc de masques a été identifié et qu’une piste asiatique a été explorée en vue de trouver des respirateurs.

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