CHRU de Nancy : la performance des achats porte ses fruits

De 12 millions d’euros en 2012, le montant annuel des investissements du CHU de Nancy est passé à plus de 30 millions d’euros en 2021. Une croissance rendue possible par un meilleur scénario financier à l’écriture duquel la fonction achat a largement contribué.

© Jean-François Mestre

Certes, la dynamique implique la recherche continue de financements complémentaires : appels à projet, soutiens institutionnels, dons… Mais c’est d’abord à un assainissement drastique de sa situation financière que le CHRU de Nancy doit la formidable explosion de ses investissements annuels : + 250 % en dix ans !

Alors que l’établissement présente un déficit chronique de 12 M€ sur un budget de 660 M€ et accuse 298 M€ de dettes cumulées en 2013, un Plan de Refondation est en effet instauré l’année suivante. Objectif : revenir à l’équilibre, notamment pour pouvoir investir à nouveau et renouveler les équipements au bénéfice des patients. Pour ce faire, un travail sur l’organisation générale de l’établissement va être mené en profondeur.

Une fonction achat centralisée

Stéphanie Geyer – © CHRU Nancy

Parallèlement aux restructurations de services et au développement de l’ambulatoire, la restauration de l’équilibre passe par la création d’une direction achat : « il fallait une fonction dédiée centralisée, capable de répondre, par le déploiement d’une véritable gestion de projet achat, aux objectifs du plan de refondation du CHRU suivi par l’Agence régionale de santé (objectifs du volet performance achat de 16,6 M€ de gains sur la période 2019-2024) », rapporte la directrice des achats et de la logistique du CHRU, Stéphanie Geyer.

Recrutée en octobre 2014 pour conduire cette transformation, la professionnelle concentre la stratégie dans une formule : « mêmes process, mêmes outils, mêmes compétences ». Opérante sur l’ensemble du périmètre de l’établissement à l’exception de la formation, la direction se construit ainsi sur la recomposition des équipes, jusqu’alors disséminées dans les services, appuyée par un contrôle de gestion achats à plein temps.

Des formations nourrissent les montées en compétences et, « parce qu’il faut d’abord accepter de dépenser pour gagner », une nouvelle attractivité est insufflée au métier d’acheteur : regroupement au sein de mêmes locaux, meilleure adéquation du grade et de l’emploi ouvrant sur le recrutement de profils techniques, enveloppes budgétaires dédiées aux opérations externes (salons, colloques…).

Changer les mentalités et les pratiques

« Rapidement, un véritable pilotage de la performance achats s’est ainsi mis au service du pilotage de la performance de l’établissement, dynamisé par la création de la fonction achat du GHT Sud Lorraine dont le CHRU représente environ 80 % des dépenses achats », pose Stéphanie Geyer. En plus de challenger les prix et la qualité, la nouvelle gestion de projet achats scrute les volumes, veille aux massifications et harmonisation possibles, diversifie les fournisseurs et rallie les centrales nationales lorsque c’est opportun. « Nous avons même retravaillé la gestion des déchets », souligne la directrice.

Revisitant les pratiques de chacun, les besoins sont également requestionnés, au regard de nouveaux modèles économiques : coût à l’usage, mise à disposition, coût patient… Avec la biologie, la pharmacie illustrera tout particulièrement la dynamique par l’introduction systématique de biosimilaires. « Menée par les pharmaciens via un dialogue renforcé avec les prescripteurs de chacun des services, cette « révolution » a permis de constater que 161 % de la cible fixée sur la période 2019-2021 avait été atteinte, soit 13,4 M€ de gains d’ores et déjà valorisés dans le volet performance achat du plan de refondation », précise Stéphanie Geyer.

Des process plus rapides

Enfin, pour accroître son efficacité, la commande publique adopte des process bien définis : « depuis 2018 par exemple, un accord-cadre alloti régit tous les marchés de travaux, permettant le lancement de marchés subséquents en quinze jours seulement contre un délai de trois à six mois précédemment », décrit Stéphanie Geyer. A noter que, renouvelé en 2022, cet accord-cadre passé de 16 à 18 lots inclut désormais un allotissement géographique favorisant le positionnement des entreprises locales.

Dans un même souci de rapidité d’exécution, les investissements conséquents qui échappent aux marchés existants sont – autant que faire se peut – traités au sein de centrales d’achats. Enfin, le renouvellement des besoins institutionnels (pousse-seringues, moniteurs, lits…) sont planifiés sur plusieurs années, selon un calendrier et une méthodologie « à la main des directions supports ».

Des résultats tangibles

La rénovation du secteur de transplantation médullaire pour les enfants atteints de cancer © CHRU Nancy

Après sept ans, les efforts portent, comme en témoignent les projets menés en 2021. Outre les investissements courants (parc informatique, travaux dans les ascenseurs, IRM…), le CHRU de Nancy annonce ainsi – entre autres – la rénovation du secteur de transplantation médullaire pour les enfants atteints de cancer (500 000 €), la rénovation du centre de régulation des appels au SAMU (950 000 €) et l’aménagement du bâtiment du datacenter mutualisé lorrain (CHRU-Université de Lorraine-Grand Nancy) pour lequel l’établissement participe pour près de 2,5 M€. Après la révolution, une renaissance plus encore qu’une restauration, qui n’aurait pu s’opérer sans une direction achat « dans le coup ».

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