« Je suis curieuse de nature », répète à l’envi Camille Jacquard. Sa formation initiale reflète d’ailleurs cet appétit à découvrir un maximum de choses. Une licence de biologie (Paris VI) et un master affaires publiques (Sciences Po), avant l’EHESP (56e promotion – Camille Claudel). « Je voulais travailler dans le secteur de la santé et j’ai pris mon temps pour regarder tous les métiers que je pourrai exercer ». La facette diplomatique l’attire un moment, après un stage au consulat de France au Texas, un autre à l’OMS à Genève et un passage à la direction des affaires internationale de l’ANSM.
Disciple de Caroline Buno
Mais finalement, le terrain l’emporte. Poste inaugural : la direction des achats et de la logistique de l’EPS Barthélémy Durand (santé mentale et psychiatrie, 1500 agents) en janvier 2019. « Un vrai vrai choix, insiste-telle, pas un choix contraint ». Elle apprécie le sujet pour la variété des problématiques abordées et l’ouverture sur l’environnement extérieur de l’hôpital. Il faut dire qu’elle était à bonne école puisqu’elle a effectué son stage de direction au centre hospitalier des Quatre villes. « J’ai été formée par Caroline Buno, mon mentor ».
Un an plus tard, l’épidémie déferle sur le pays. « La situation était moins compliquée qu’en MCO, mais il fallait faire continuer à tourner près de 70 sites éparpillés (centre médico-psychologiques, centres d’accueil thérapeutique, hôpitaux de jour, foyers post-cures, NDR) sur tout un département alors que les équipements de protection individuelle n’étaient pas distribués prioritairement aux EPSM ». On imagine le défi à relever.
La crise Covid-19, expérience managériale
« On a réussi à s’en sortir grâce à la mobilisation. Ma chance, c’est d’avoir pu compter sur une équipe extraordinaire de 120 agents et de nombreuses activités internalisées, comme le nettoyage ou les transports », reconnaît-elle. La pandémie a été pour elle une véritable « expérience managériale ». « Cet épisode a pu redonner du sens au travail du personnel. Et il n’y a eu pratiquement pas d’absences ».
Cependant, contrairement à d’autres établissements, la crise sanitaire n’a pas « révélé » l’importance des métiers supports à Barthélémy Durand. « Ces fonctions étaient déjà reconnues par la DG et les autres services. Cela était peut-être moins vrai pour les achats, même si j’avais répété en boucle les mantras de cette activité ».
Pugnacité et humour
Car Camille Jacquard concède bien volontiers être têtue. Un défaut ou une qualité, c’est selon, sans doute héritée de ses lointaines origines finistériennes. « Je suis horriblement pugnace, ce qui peut être difficile à vivre pour mon entourage. Quand j’ai une idée en tête, je ne lâche pas le morceau ». Obstinée et motivée. Inutile de lui fournir une boisson énergisante pour la convaincre de se lever le matin et d’aller au bureau. « J’ai la niaque ! Et j’aime ce que je fais ».
Travailler dur mais dans la gaieté. « C’est important. Quand on est amené à rester avec d’autres personnes toute la journée, autant garder le sens de l’humour. Cela permet de prendre un peu de recul, de se débarrasser la tête de tous les soucis qui s’accumulent ».
Une plateforme logistique territoriale en ligne de mire
En juin 2021, elle plie bagage. Bye-bye l’Essonne. Bonjour le Val d’Oise. Pour prendre la succession d’Anne-Laure de Foucault à la tête des achats et de la logistique du GHT Novo (CH Pontoise, GH Portes de l’Oise, GH Vexin). « Une suite agréable puisqu’il s’agit d’une belle organisation avec des circuits matures ».
La démarche territoriale a d’ailleurs décroché un Trophée Santé Achat « direction achat de l’année » (lire notre article du 24 janvier 2020). C’est pourquoi, s’agissant de ce chapitre, elle se dit résolue à marcher dans les pas de son prédécesseur.
Pour autant, un élément a été déterminant dans sa décision de rejoindre le GHT. Ce dernier projette en effet de s’équiper d’une plateforme logistique commune, composante majeure de son schéma directeur présenté devant le Conseil national pour les investissements en santé (CNIS). Faire sortir de terre un tel équipement a évidemment de quoi émoustiller.
« Pour l’instant, trois fonctions ont été identifiées : la restauration, la fonction linge et les magasins », précise la directrice. Doté d’une enveloppe de 40 millions pour la partie purement logistique, le chantier sera structurant pour dessiner le futur des fonctions supports des trois établissements répartis sur 6 sites. « Cela donne envie. Beaucoup d’établissements en parlent, mais peu sont passés à l’acte. »
