Benjamin Harbourg, nouveau directeur des services hôteliers et des achats du CHU de Besançon

Benjamin Harbourg est, depuis le mois de janvier, directeur des services hôteliers et des achats du CHU de Besançon. Cet ingénieur biomédical de formation, passé par l’EHESP (53e promotion Denis Mukwege), précédemment directeur du patrimoine, des investissements médicaux et de la sécurité dans l’établissement bisontin, estime que l’achat est un outil puissant, injustement sous-estimé dans les structures hospitalières.

achat-logistique.info : Vous avez un diplôme de l’Institut supérieur d’ingénieurs de Franche-Comté et un mastère spécialisé de l’Université de technologie de Compiègne. Pourquoi avez-vous choisi de suivre votre formation initiale dans le domaine de l’ingénierie biomédicale ?

Benjamin Harbourg : « Je suis issu d’un milieu familiale où la santé a toujours eu une place importante (mon père était médecin généraliste, mes frère et sœurs sont médecin PMI, pharmacienne, ingénieur dans la santé), j’ai donc trouvé intéressant après une formation initiale en physique de pouvoir concilier les deux domaines. L’institut supérieur d’ingénieurs de Franche-Comté m’a permis d’acquérir cette double culture ; l’UTC via son mastère spécialisé m’a ouvert les portes de l’hôpital grâce à sa renommée et son antériorité dans l’ingénierie biomédicale hospitalière. »

achat-logistique.info : Votre premier poste au CH de Vienne comme responsable du service biomédical en 2008 vous a amené à acquérir des équipements. Comment s’est passé ce premier contact avec l’achat et la commande publique ? Avec le recul, étiez-vous suffisamment armé pour gérer des procédures de marché public ?

Benjamin Harbourg : « Ma formation à l’UTC était assortie d’une session de quelques semaines à l’Ecole des hautes études en santé publique à Rennes. Cela m’a permis d’avoir quelques bases sur le sujet avant ma prise de poste. Ensuite, la très forte cohésion des ingénieurs biomédicaux hospitaliers m’a permis d’avoir des conseils avisés dès le début. J’ai pu comprendre que loin d’être un carcan rigide, le droit de la commande publique structure et discipline l’achat. La réforme européenne d’envergure en 2014 et sa transposition en droit français l’année suivante a permis de simplifier les procédures de passation.

L’achat est un outil puissant, injustement sous-estimé dans les organisations hospitalières. C’est un véritable levier pour l’action publique, que ce soit dans le développement durable, l’amélioration de l’efficience de la dépense publique ou la valorisation des entreprises qui s’engagent sur le plan environnemental et social. »

achat-logistique.info : Qu’est-ce qui vous a conduit à reprendre le chemin des études et à passer le concours de DH après 5 ans en poste à l’hôpital ?

Benjamin Harbourg : « J’étais arrivé à un moment de mon début de carrière où soit je changeais d’établissement, soit je tentais cette aventure. J’avais en tête plusieurs exemples d’ingénieurs biomédicaux qui avaient réussi le concours, je n’avais pas encore d’enfant à l’époque, je me suis donc lancé dans ce périple et je ne regrette pas du tout ce choix. La fonction publique est une formidable voie de promotion sociale et permet des parcours variés, c’est une grande richesse qu’il faut préserver. »

achat-logistique.info : Vous avez effectué un stage d’OCTAA (officier du corps technique et administratif de l’armement)  à Saint-Cyr en 2015. Que vous a apporté cette formation militaire ?

Benjamin Harbourg : « Ce fut une opportunité très marquante pour tous les élèves-directeurs qui ont suivi cette formation de deux semaines à Coëtquidan. En premier lieu, cela m’a fait prendre véritablement conscience de l’engagement des femmes et des hommes qui sont prêts à défendre les intérêts de la France et de la démocratie dans le monde. Ensuite, nous avons pu suivre des enseignements passionnants entre autres sur les règles de commandement, des mises en situation en « war room ». La volonté de gagner en efficience et en automatisme durant nos situations d’extrême urgence à l’hôpital rejoint cet état d’esprit. »

achat-logistique.info : En 2020, lorsque la pandémie éclate, vous êtes directeur-adjoint chargé du patrimoine et des investissements médicaux au CHU de Besançon. Quels souvenirs gardez-vous de la première vague Covid ? Et quelles leçons en tirez-vous ?

Benjamin Harbourg : « J’en garde le souvenir d’un véritable élan commun pour faire face à cette situation inédite, où chaque jour un nouveau problème resserrait la cohésion des équipes et amenait les hospitaliers à se transcender.
La principale leçon que j’en retiens est la faculté d’adaptation hors norme de l’hôpital public et la résilience des femmes et des hommes qui la compose. »

achat-logistique.info : Depuis le mois de janvier, vous avez pris en charge la direction des services hôteliers et des achats, que recouvre exactement ce périmètre et combien d’agents encadrez-vous ?

Benjamin Harbourg : « La DSHA regroupe les activités classiques d’une direction achat/logistique : blanchisserie, restauration, vaguemestre, achats/approvisionnements, espaces verts, entretien des locaux, facility management, gestion des déchets, reprographie … Cela représente environ 250 agents qui œuvrent chaque jour pour que des soins de qualité puissent être délivrés. »

achat-logistique.info : Quels sont les priorités pour 2022 et les principaux chantiers inscrits sur votre feuille de route ?

Benjamin Harbourg : « Au-delà des challenges réglementaires (Egalim, AGEC…) et de la poursuite de la convergence des marchés du GHT, le renforcement de la sécurité juridique, la mise en place d’un contrôle de gestion et d’un SI Achat seront parmi mes priorités. »

achat-logistique.info : Pensez-vous que la fonction achat soit aujourd’hui considérée comme stratégique dans le secteur sanitaire ?

Benjamin Harbourg : « La crise sanitaire a été pleine d’enseignements : sécuriser la chaîne d’approvisionnement, réduire les coûts, les délais sans mettre en péril les fournisseurs… Le caractère stratégique de l’achat et de la logistique s’est affirmé pendant cette période. Nos besoins sanitaires deviennent de plus en plus complexes, c’est pourquoi le fonctionnement en réseau (GHT ou groupements d’achat territoriaux) va devenir primordial pour permettre une mutualisation des moyens et un poids plus important face à la mondialisation des échanges.

On voit également que la stratégie géographique des approvisionnements change au profit d’un échelon plus local. Tout ceci pour dire que l’on est passé d’un paradigme de performance par l’optimisation des achats à un pilotage par l’animation, le dialogue, la valorisation de l’intervention de l’acheteur et la gestion du risque. »

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