Un hub logistique délocalisé vert

En 2019, le groupement hospitalier londonien Guy and St Thomas a ouvert un hub logistique délocalisé hors du centre de la capitale britannique. L’objectif est de limiter le nombre de livraisons en camion (plus de 40 000 par an) et donc la pollution de l’air. La transformation verte de la chaine d’approvisionnement a continué avec la création d’un service quotidien de livraison par bateaux fluviaux.

« Londres a l’un des taux d’enfants asthmatiques les plus élevés d’Europe occidentale : 12 enfants meurent chaque année et 4 000 sont admis à l’hôpital. Il est ironique que l’hôpital, qui a la responsabilité de soigner des personnes asthmatiques, contribue lui-même au niveau de pollution de l’air du fait de ses livraisons » a expliqué David Lawson, directeur des approvisionnements du groupement hospitalier Guy & St Thomas, lors d’une conférence internationale organisée par la Fédération Internationale des Hôpitaux et Dialog Health à l’automne 2021.

Une livraison toutes les 3 minutes

Avec 40 000 livraisons par camion chaque année, 160 livraisons chaque jour et une livraison toutes les 3 minutes, le groupement hospitalier londonien était conscient de son impact environnemental. Un volume de circulation aussi élevé entraîne également des embouteillages de camions qui veulent accéder au site, ce qui ajoute à la pollution atmosphérique locale dans un centre-ville déjà sous tension.

Au vu de ces données et sous l’impulsion du programme national « For a Greener NHS », le groupe hospitalier a estimé qu’il fallait réduire les conséquences de sa chaine d’approvisionnement. Un business plan a été établi pour la construction d’un nouveau hub logistique destiné à concentrer toutes les livraisons entrantes. Trois facteurs clés ont guidé le plan de rentabilisation du nouveau centre : l’amélioration de la qualité de l’air, la libération d’espaces de stockage sur site et l’amélioration de l’efficacité opérationnelle, à la fois dans les hôpitaux et dans le contrôle des livraisons.

Ouvert en 2019, le nouveau centre, situé en périphérie de Londres, a été conçu pour être un exemple des meilleures pratiques en termes de développement durable. L’installation est alimentée par des énergies renouvelables, tout est recyclé, la mesure du niveau de qualité de l’air dans le hub et dans la baie de recharge sur site est réalisée en continu. Et l’emballage extérieur des livraisons est retiré sur site. La rationalisation de l’organisation des tournées a fait baisser de 90 % le nombre des déplacements quotidiens des camions sur les sites hospitaliers.

De nouvelles missions

En 2020, avec la pandémie, le hub logistique a été une ressource précieuse pour le groupement hospitalier. Le site a été transformé en centre de gestion des équipements de protection individuelle (EPI) : les équipes logistiques ont parcouru plus de 400 000 km pour livrer les précieux équipements aux services de santé londoniens. Un atelier d’impression 3D a été installé dans les locaux, qui ont aussi hébergé l’équipe nationale chargée de la gestion et de la répartition des respirateurs (6 000 au total). Aujourd’hui, le rôle du hub logistique s’est développé, assurant son retour sur investissement à long terme.

Les locaux permettent d’héberger des pratiques innovantes, comme un projet pilote de captage des gaz anesthésiques : le coût de cet équipement était prohibitif quand il devait être réalisé au sein de chacun des hôpitaux. Le fait que le processus puisse être effectué dans la nouvelle installation hors site la rend abordable, et la technologie de capture peut désormais être appliquée à tous les blocs opératoires.

Du fret fluvial depuis l’été 2021

L’équipe de David Lawson s’est aussi attaquée à réduire l’impact des livraisons entre le hub et les hôpitaux, situés en plein cœur de la capitale britannique. En juillet 2021, un service de fret fluvial a commencé à être expérimenté. Le hub logistique est situé à environ 800 mètres de la Tamise. Avec deux partenaires industriels, un projet pilote est en cours pour transporter les produits via le fleuve, puis utiliser des vélos pour les acheminer dans les hôpitaux.

Si le projet pilote est couronné de succès, le service fonctionnera à plus grande échelle, vidant les rues londoniennes de ses camions tout en fournissant un itinéraire de livraison fiable vers le centre-ville pendant la journée. Les trois camions de livraison du GH parcourent actuellement 2 400 km par semaine. Pour chaque camion retiré de la circulation, environ 708 kg de CO² pourraient être économisés par semaine. En parallèle, Guy & St Thomas expérimente différents types de camions électriques, et s’attache à revoir les horaires de livraison pour éviter les heures de pointes, pics de pollution.

Pour David Lawson, les hôpitaux sont des institutions pivot au sein des villes : « Nous devons jouer un rôle de leadership et encourager d’autres organisations à réduire leur empreinte carbone, par exemple en utilisant les quais fluviaux et en adoptant de nouveaux modèles d’organisation. Au-delà du groupement hospitalier, nous pouvons avoir un impact plus large sur notre communauté. »

 

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