Quand les pharmaciens cogitent en mode « durable »

Les pharmaciens d’établissements de santé sont plus ou moins sensibilisés au développement durable. Certains entendent aller plus loin en rejoignant le tout jeune Club des pharmaciens du Comité pour le développement durable en santé (C2DS). Notre journal a tendu le micro à trois adhérents présents à la première réunion. Leurs attentes sont très larges !

© Epictura

Le 30 novembre dernier, 17 pharmaciens exerçant en établissement de santé se sont retrouvés en visioconférence à l’occasion de la première réunion du Club des pharmaciens tout juste créé par le Comité pour le développement durable en santé (lire notre article du 4 novembre 2021  ). La première réunion « était une prise de connaissance et un tour de chauffe. Ils sont à fond », remarquait le lendemain de cette rencontre Véronique Molières, directrice de la stratégie, du développement et de la communication du C2DS, qui a coanimé la réunion avec sa collègue Wiebke Winkler.

Structurer les démarches

Karim Dardim

Tous les membres du nouveau Club attendent une aide pour la rationalisation de leurs efforts en matière de développement durable. « Chacun fait des choses dans son coin, tout le monde est débordé, le C2DS pourrait nous aider à structurer nos démarches, à nous inspirer les uns des autres plutôt que chacun parte de zéro », estime Karim Dardim, pharmacien gérant de la pharmacie centrale intérieure (PUI) du centre de dialyse de l’Association limousine pour l’utilisation du rein artificiel à domicile (Alurad) et président de l’Association des pharmaciens de dialyse à domicile (APDD).

Lui, par exemple, qui fait partie de la commission déchets d’un jeune groupe baptisé « Green Nephrology » composé à l’initiative de médecins, pourra expliquer comment il a déjà dressé un état des lieux des déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) par séance de dialyse, gourmande en eau, en équipements à usage unique, en transport… Il réfléchit notamment à de nouveaux modes de fonctionnements avec les fournisseurs pour éviter l’emballage individuel des drains à usage unique.

Générer de nouvelles idées

Franck Perrin

Dans le même esprit, Franck Perrin, responsable des achats médicaux du GHT Sud Lorraine au CHRU de Nancy, espère clairement un partage d’expérience et un catalyseur. « J’attends du Club qu’il soit un émulateur. Et c’est bien parti car j’ai entendu de bonnes idées dès la première réunion ! De plus, brainstormer ensemble devrait permettre de développer d’autres ressources, d’autres angles d’attaque. Aujourd’hui, on parle de la logistique et de son impact carbone : est-ce le seul angle ? Ne peut-on pas travailler avec de nouvelles clauses de contrat, des incitations qui permettraient une relocalisation, une meilleure prise en charge avec peut-être une moindre pollution médicamenteuse dans les effluents ? Peut-on rationaliser les livraisons en travaillant avec les fournisseurs actuels. Faut-il espacer ou regrouper nos commandes ? etc », s’interroge-t-il.

Cibler des problématiques précises

Sophie Chanton, pharmacien praticien au Centre hospitalier de Cannes, est, elle, carrément venue à la première séance du Club avec une liste de courses. Son inventaire commençait notamment par deux sujets prioritaires à ses yeux : les médicaments non utilisés (MNU) et les dates de péremption. De fait, cette pharmacienne, qui fait immédiatement référence à celle qui l’a sensibilisée au développement durable -Nathalie Ronzière directrice adjointe du CH de Cannes, en charge du secrétariat général, de la qualité, du développement durable, de la recherche clinique et de la communication, en poste depuis 2008-, entend trouver une solution pour créer une sorte de Cyclamed hospitalier.

Prochaine rencontre le 25 janvier

« Aujourd’hui, à part la chimiothérapie, traitée comme déchet particulier, tous les traitements partent en DASRI et cela nous coute cher », remarque celle qui s’apprête à quantifier les déchets pour le service de pneumologie après l’avoir fait pour la maternité, la cardiologie et les soins intensifs de cardiologie. La pharmacienne aimerait également trouver un moyen de recevoir des médicaments avec une date de péremption plus éloignée (parfois seulement de quelques mois actuellement).

Reste à savoir quel menu le Club privilégiera en dressant sa feuille de route 2022. La décision sera prise lors du prochain rendez-vous, le 25 janvier. Les autres rencontres suivront à raison d’une fois par mois, le mardi entre 12h et 13h.

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