L’urologie passe au vert

L’Association française de l’urologie a placé la décarbonation parmi ses priorités depuis 2020. Sa commission « développement durable » vient de rédiger un manuel pour mettre en place une démarche de développement durable en établissement. Et ce n’est qu’un début.

Un manuel de 22 pages est désormais à disposition des urologues désirant engager une démarche de développement durable sur le site internet de l’Association française de l’urologie (AFU). La mise en place d’une telle stratégie verte « passe par le bloc (…) mais également l’hospitalisation et tout ce qu’il y a autour de la santé : le transport, la gestion des achats… », expliquait, lors d’une conférence de presse à propos du 116ème Congrès de l’AFU, tenu à Périgueux du 16 au 19 novembre, Richard Mallet, urologue à l’Hôpital privé Francheville de Périgueux, vice-président « communication » de l’AFU et responsable de la commission « développement durable », créée en 2020 au sein de l’association.

Identifier les DASND

Ce document, qui commence par un rappel de l’ampleur de l’empreinte carbone du secteur de la santé et la définition de certains termes, se veut surtout pratique. On y trouve des pistes pour démarrer la démarche par une « approche motivationnelle », des techniques de communication, des références scientifiques, un point réglementaire, des méthodologies de « team building » et de conduite de projet (étape par étape : de la réunion de tous les acteurs en amont, jusqu’à l’intégration dans la pratique).

Le manuel comprend également des outils de communication prêt à l’emploi pour diffuser les bonnes pratiques. Il s’agit notamment d’affiches de sensibilisation ou d’explication pour limiter les déchets d’activité de soins à risque infectieux (DASRI), favoriser le recyclage, identifier les déchets d’activité de soins non dangereux (DASND), ou encore d’un podcast sur les « différents aspects de la démarche de tri au bloc »…

Réserver la poubelle DASRI à sa stricte destination

De fait, les DASRI ne sont pas toujours bien identifiés par les équipes au bloc. Ils se limitent quasiment seulement aux « piquants, coupants, tranchants » et leur traitement est « trois fois plus pourvoyeurs d’émission de gaz à effet de serre que les DAOM (désormais rebaptisés DASND, et qui concernent notamment les produits souillés de sang sans risque d’écoulement, NDR) », insiste Richard Mallet.

Autrement dit, compte-tenu de l’impact sur la planète, mieux vaut réserver la poubelle DASRI à sa stricte destination. Concernant le recyclage, l’AFU voit plus loin encore. « Au bloc opératoire, on a l’idée, non pas de retirer les poubelles dédiées au Dasri, mais presque en ayant une place particulière pour les poubelles dédiées au recyclage », explique Richard Mallet, qui préconise, d’une manière générale de nommer un référent « développement durable » au sein des équipes.

Pour les cabinets

Un autre manuel concernera la façon d’adapter sa pratique en cabinet médical dans une optique de développement durable. Face aux malades, il préconisera notamment d’encourager ses patients à l’activité physique. A propos des méthodes de travail, il encouragera les urologues à « développer les cabinets secondaires », indique Richard Vallet. Lui-même exerce principalement à Périgueux, mais également à Sarlat et Gourdon à plus d’une heure de route de-là, où il se rend en véhicule électrique pour y voir « 30 à 40 personnes à chaque fois ». C’est autant de voyages individuels en moins ! Et pour être au plus près des populations, l’AFU recommande aussi de développer la visio-consultation.

Richard Mallet

Concernant le cabinet lui-même, le manuel égrènera des conseils comme l’utilisation de LED pour l’éclairage, le recours à des fontaines à eau ou à une broyeuse à papier avec recyclage, « qui un double intérêt : à la fois du recyclage mais aussi l’anonymisation des données médicales », pointe Richard Mallet. Au sujet du numérique, il sera encouragé de conserver ses ordinateurs et autres smartphones le plus longtemps possible, de vider régulièrement la corbeille de sa messagerie, d’avoir recours à des navigateurs écoresponsables, et même de mutualiser des équipements comme les imprimantes.

Analyse du cycle de vie d’une urétéroscopie

L’AFU travaille également en synergie avec un écosystème vert. Ainsi elle est intervenue à un webinaire du Collectif d’action face à l’urgence en Santé et environnement (CAUSE), le 5 décembre, sur la gestion des effluents liquides lors des endoscopies et des chimiothérapies orales, dans le but de normer des process, et sur l’évaluation de la robotique au regard des émissions de gaz à effet de serre.

L’association a aussi le projet de procéder à l’analyse du cycle de vie d’une urétéroscopie, pour tâcher de la rendre plus « durable, sans impact sur la santé du patient (…). L’objectif in fine serait d’analyser l’ensemble des interventions les plus fréquentes en urologie », espère Richard Mallet, qui pour le congrès 2023 de l’AFU, travaille à l’organisation d’« une session dédiée au développement durable ». Autre défi pour 2023 : « Pourquoi pas une bourse dédiée pour de la recherche sur le sujet ! » ; lance Richard Mallet. L’espoir est permis.

 

 

Pour télécharger le manuel développement durable de l'AFU

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