Le CH Moulins-Yzeure valorise ses biodéchets pour presque rien

Pour éliminer ses biodéchets conformément à la réglementation à moindre coût, le CH de Moulins-Yzeure a recherché une filière de valorisation écoresponsable. Résultat : il a eu l’idée de passer une convention avec un éleveur de chiens qui collecte et réutilise les denrées alimentaires pour nourrir son cheptel. La filière fonctionne déjà pour les selfs, les déchets alimentaires de l’unité de production culinaire et une partie des services d’hébergement les EHPAD. Elle sera bientôt expérimentée dans les services de soins.

© CH Moulins Yzeure

Depuis 2016, la réglementation impose aux structures produisant par an plus de 10 tonnes de biodéchets de les trier et de les valoriser. « Auparavant, les biodéchets étaient jetés avec les ordures ménagères, dont le coût de traitement approche les 200 euros la tonne. Nous avons voulu trouver une solution durable, conforme à la législation et à moindre frais », résume Rudy Chouvel, directeur des services logistiques et du développement durable du CH de Moulins-Yzeure.  « Nous n’avions pas d’idées préconçues au départ », assure Nicolas Feuillade, responsable du développement durable, une des chevilles ouvrières de la réflexion.

Une alternative à la méthanisation

 

Envisagée, la méthanisation est écartée. Elle représente un coût pour l’établissement, sans compter la pollution générée par le transport des matières vers les usines. De surcroît, l’hôpital, qui estime à cent tonnes ses biodéchets, préfère une autre forme de valorisation. Le compostage n’est pas non plus retenu. « Il reste de portée limitée et réservé aux cultures paysagères », explique Nicolas Feuillade.  Surgit l’idée d’un recyclage en alimentant le cheptel d’un éleveur de chiens.

 

Durant l’été 2019, l’établissement recense les chenils alentour et établit une short-list de trois sites. Cherchant à limiter l’impact carbone, le CH choisit finalement La Clef des Champs, élevage implanté à une vingtaine de kilomètres et agréé par les services vétérinaires départementaux (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations, DDCSPP).

Des dépenses limitées à toutes les étapes

 

© CH Moulins Yzeure

Une convention est passée. En échange de la cession gracieuse des biodéchets, l’éleveur s’engage à passer deux fois par semaine et à utiliser les restes alimentaires pour nourrir sa meute. « Il lui est interdit de revendre les biodéchets », complète Rudy Chouvel.  Pour respecter les normes d’hygiène, les denrées collectées seront soumises à un traitement thermique respectant 30 minutes de cuisson à 60°. Le responsable des selfs de l’établissement, Eric Gateau, est en lien avec l’éleveur et suit avec attention les volumes de biodéchets cédés.

 

Parallèlement, une équipe, composée du responsable du développement durable, des responsables des selfs et du transport, réfléchit au circuit de récupération et de tri. Le CH de Moulins-Yzeure parvient à limiter les dépenses au maximum, à toutes les étapes de l’opération. Les tables de tri sont fabriquées par les services techniques de l’établissement à partir de vieux matériels. Une ancienne chambre froide est réutilisée afin de stocker les déchets.

Démarrage de la filière en novembre 2019

 

La démarche démarre à l’automne 2019 pour les deux selfs, avant d’être étendue à la fin de la même année, aux EHPAD. Des tests seront démarrés dans les services de soin, également dans la boucle. Cependant, les modalités de livraison des repas et de collecte des chariots repas dans les unités de soins nécessitent une réflexion complémentaire. « Nous recherchons actuellement la meilleure organisation pour que les déchets alimentaires puissent être triés et conservés de manière optimale de manière correcte jusqu’à la collecte », précise Geneviève Pressé, responsable logistique du CH.

 

La filière fonctionne. Depuis novembre dernier, 37 kilos par jour sont récupérés en moyenne pour les deux selfs (sur 5 jours). Et 56 kg côté EHPAD (sur 7 jours) depuis janvier 2020. Soit 577 kg en moyenne pour 5060 repas concernés par semaine. En cas de montée en charge, l’établissement a pris la précaution de pouvoir solliciter un deuxième éleveur.

 

Le CH de Moulins-Yzeure a complété le dispositif par le don de barquettes non consommées à la Banque alimentaire. Il fait de la sorte coup double, en réalisant un geste solidaire qui concourt à réduire le volume des déchets à traiter. « Nous voulons gâcher le moins possible », insiste Rudy Chouvel. C’est pourquoi l’établissement, en pointe sur le thème du développement durable, cherche aussi à limiter le gaspillage en amont : les menus ont été revisités pour les services d’hébergement, des cartes dédiés seront proposées pour adapter l’offre alimentaire aux patients, l’intégration de produits de meilleure qualité (bio et local) se déploie.

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