L’arrêté « hôpitaux » du décret tertiaire attendu

Types de locaux à considérer, consommation-type selon le genre d’espace : c’est ce que doit révéler prochainement l’arrêté « établissements de santé » du « décret tertiaire » de la loi Elan. En attendant les CHU rassemblent leurs factures de gaz et d’électricité. Celui de Poitiers et les HCL de Lyon témoignent.

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« L’arrêté, dans sa première version, découpait nos établissements en une trentaine de subdivisions. Nous l’avons proposé, ce sera moins. Il y aura les restaurations, les blanchisseries, les bureaux, la stérilisation, les zones à environnement maîtrisé (ZEM) comme les réas et les blocs où la gestion de l’air d’air consomme beaucoup ; le reste, ce seront de l’hébergement et des espaces de consultation auxquels, par simplification, ont été rattachés tous les IRM, ce qui apparaît réaliste ». Dimitri Néel, ingénieur énergie au CHU de Poitiers, dirige depuis 2016 le groupe « Performance énergie des CHU » qui a aidé le ministère de la transition énergétique dans la rédaction de l’arrêté.

Des valeurs moyennes pour chaque type de surface

Selon le décret du 23 juillet 2019, tous les espaces tertiaires vont devoir réduire leur consommation d’énergie de 40 % d’ici 2030, 50 % d’ici 2040, et 60 % d’ici 2050. Les objectifs seront fixés en pourcentage par rapport à la consommation d’une année de référence – 12 mois glissants – entre 2010 et 2020 choisie par l’établissement ou en valeur absolue par type d’activité par rapport à une moyenne de consommation actuelle.

Dimitri Néel

« Nous avons interrogé des CHU et choisi, pour chaque type de surfaces, des valeurs moyennes dans un nuage de points qui soient réalistes mais engageantes, explique Dimitri Néel. Par exemple, si un bâtiment administratif consomme une moyenne de 300 kWh/m2/an, il pourra lui être demandé de passer à 100kwh/m2/an d’ici 2030. » Mais à ce niveau de détail, ce sera déterminé par la stratégie que se donnera chaque établissement.

 

On ne compte pas l’eau chaude !

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La loi Elan s’attaque d’abord aux « passoires thermiques ». Elle veut traiter l’enveloppe des bâtiments. C’est pourquoi ces calculs de consommation n’incluent pas l’eau chaude qui écraseraient tous les chiffres de consommation et qui est liée a priori aux comportements pour le moment non-prioritaire. Enlever l’eau chaude, voilà un premier casse-tête pour les ingénieurs énergie des CHU.

 

Corinne Duru, à la direction des affaires techniques des Hospices Civils de Lyon explique : « Dans la collecte des données que l’on nous demande de faire, la base c’est l’adresse, cadastre à l’appui. L’adresse, c’est un compteur et là où arrivent les factures. Aux Hospices Civils de Lyon, nous en avons 17, 17 sites différents. 300 bâtiments – on ne les compte qu’à partir de 1000 m2- qui représentent 900 000 m2 de surface. Première chose, nous allons faire rentrer nos surfaces dans la segmentation du ministère et les kWh qui leur sont associés. Cela, nous pouvons encore le faire mais en retirer les consommations d’eau chaude, cela commence à ressembler à une usine à gaz. »

Il est probable que les CHU qui, en général, ont déjà investi dans l’amélioration de leur performance énergétique choisissent des objectifs par activité. Au titre, en quelque sorte, d’améliorations dans un mouvement déjà engagé. Tandis que de plus petits établissements qui s’en seraient moins soucié traitent les choses plus globalement. L’ADEME a ouvert la plateforme numérique OPERAT (pour Observatoire de la Performance Energétique, de la Rénovation et des Actions du Tertiaire) pour aider les établissements à piloter leur effort de réduction d’énergie et en tout premier lieu d’établir leur profil et l’ampleur de la tâche.

Le traitement de l’air gros consommateur

Corinne Duru

Pour le moment, on ne peut à peu près qu’y créer un compte. La plateforme va s’étoffer de nouvelles fonctionnalités. Le prochain rendez-vous est la fin septembre. Les établissements devront y avoir transmis leurs données de base. Cette plateforme devrait permettre aux établissements de piloter leur effort de réduction de consommation. « Dans tous les cas il sera important. Pensez 2030, c’est dans huit ans. Réduire de 40 % d’ici là c’est le même rythme que réduire de moitié en dix ans », fait observer Corinne Duru.

Le paradoxe, c’est que les établissements récemment modernisés selon les normes environnementale RE 2020 de la construction ne seront pas forcément avantagés. Ces investissements pour le confort ou les soins ont souvent induit de nouvelles consommations d’énergies. La climatisation, le traitement de l’air en général, consomment beaucoup. Un bloc consomme dix fois plus d’énergie qu’une chambre. « Nous sommes un des rares CHU, à Poitiers, à avoir développé une pompe à chaleur qui nous fasse économiser du gaz. C’est à ce genre d’évolutions que nous aurons tous à penser désormais pour gérer nos consommations d’énergie », estime Frédéric Marchal, le directeur de la construction, du patrimoine et de la transition écologique.

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