La démarche éco-responsable du CH de Lannion

L’hôpital de Lannion s’est engagé dans une voie résolument plus développement durable. Directeur des ressources matérielles de l’établissement breton, Thomas Blumentritt a déjà mené de nombreuses actions aussi bien dans le domaine du chauffage, de l’électricité photovoltaïque que dans la restauration ou la réduction des déchets. Le CH revend aussi le matériel en fin de vie, au lieu de se contenter de le jeter à la benne.

4.4 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, c’est le résultat du secteur de la santé selon les estimations de l’ONG internationale Health Care without harm. En première ligne, les hôpitaux ont la capacité de réduire fortement ces émissions par des actions simples et efficaces, comme le prouve le travail mené au CH Lannion.

Mutualisation et coopération pour l’énergie

En 2017, l’hôpital a vendu sa chaufferie bois à Lannion-Trégor Communauté (LTC), ce qui a permis un gain de 50 000 € par rapport à la situation antérieure. Tout le bois utilisé est issu exclusivement des bocages du Trégor, selon un circuit d’approvisionnement court. Sur le site de Trestel, un projet de chaufferie bois est prévu en co-utilisation avec la base nautique en cours de construction par la communauté de communes à proximité. La mutualisation de tels équipements avec les structures publiques voisines est un élément garantissant l’efficacité de tels investissements.

La coopération, c’est également le positionnement qu’a adopté Thomas Blumentritt sur l’électricité photovoltaïque : plutôt que d’investir directement, l’hôpital a noué un partenariat avec une association locale, pilote d’un projet d’actionnariat citoyen. Une délégation de service public permet de louer les toits de l’hôpital et de les mettre à disposition de l’association pour installer les panneaux solaires. L’association exploitera les panneaux pendant 20 ans, et ces derniers reviendront ensuite à l’hôpital. L’électricité produite sera injectée directement dans le réseau de l’établissement et donc affranchie des taxes.

Recours à un ESAT pour la légumerie

La filière alimentaire du CH a fait l’objet d’une attention forte de la part du responsable restauration, et, aujourd’hui, 25 % de produits sont issus de circuits courts, en particulier les légumes, et 8 % d’une filière bio, notamment le pain. Le développement durable passe aussi par la responsabilité sociale. L’établissement a contractualisé avec un ESAT qui se charge d’éplucher l’ensemble des légumes utilisés pour nourrir patients et professionnels.

Sur le site de Trestel, des fontaines à eau ont été installées dans les services pour supprimer les bouteilles en plastique. Un travail a été réalisé avec le syndicat d’eau pour améliorer la qualité. Des gourdes ont été mises à disposition des professionnels (c’était un des cadeaux de Noël offerts par une association aux équipes) et les patients sont incités à venir avec un contenant (mug). Les gobelets en cartons sont préférés aux gobelets en plastique.

Réduction d’un tiers des DASRI

En 2019, la direction des ressources matérielles a engagé une action ambitieuse de réduction des déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI), en inscrivant cet objectif dans le cahier des charges du marché lors de son renouvellement. La société retenue accompagne les équipes du centre hospitalier de Lannion pour réduire la quantité de déchets produits.

Une délégation, composée de Thomas Blumentritt, de l’équipe opérationnelle d’hygiène et d’un représentant de la société a passé quatre jours à rencontrer les équipes de tous les services pour étudier le circuit des DASRI et les pratiques, permettant de réduire les quantités d’un tiers, de 53 à 30 tonnes en 2019, soit une économie de 17 000 € d’économie.

Cette opération, appréciée des soignants, a consisté à rappeler les règles strictes qui distinguent ce qui est un déchet à risque infectieux de ce qui ne l’est pas. L’équipe a également rappelé que les DASRI sont brûlés à 140° : jeter du plastique dans les poubelles réservées aux déchets infectieux est donc particulièrement néfaste pour l’environnement. Pour partager cette démarche éco-responsable dans le temps, un suivi trimestriel a été envoyé dans les services. Ce n’est pas l’impact financier qui a mobilisé les agents mais bien le souci environnemental.

Economie circulaire : 25 000 euros de recettes

En 2021, la direction des ressources matériels compte s’attaquer à la problématique des réactifs de biochimie. En lien avec le fournisseur du laboratoire, l’objectif est de prévoir un circuit spécifique pour les K7 de réactifs, avec par exemple un réarmement ou un traitement ciblé des différents résidus organisé par eux-mêmes. L’élaboration d’un circuit des biodéchets est aussi en cours d’étude, tout comme une réflexion sur le devenir du linge en fin de vie (draps, lavettes, linge professionnel…) qui est aujourd’hui jeté par le GIP blanchisserie.

Toutes les actions sont valorisées dans le cadre de l’économie circulaire. Thomas Blumentritt a ainsi pris le réflexe de poster sur un site d’enchères, sorte de « bon coin » des collectivités publiques, ce qui est devenu inutile pour l’hôpital. Bois d’un arbre coupé, armoires, chaises, portes, dictaphones, tout est vendu au lieu de finir à la benne. De quoi donner une deuxième vie à ces objets et, entre 2017 et 2019, de récupérer 25 000 €.

 

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