Insertion sociale : Toulon anticipe l’échéance de 2025

Début octobre se tenait à Toulon la cérémonie de remise des Trophées de la Clause 2022. La Maison de l’emploi de la Métropole Toulon Provence Méditerranée (MTPM) voulait ainsi porter l’accent sur les 2,3 millions d’heures d’insertion réalisées depuis plus de quinze ans. L’échéance posée pour 2025 par la troisième version du PNAD sera respectée, et même anticipée, comme nous le confirme Laurent Lequilliec, chef du service prospective et performance de l’achat de la MTPM.

© Epictura

« À la métropole, la clause est dans notre ADN ! ». Chef du service prospective et performance de l’achat de la Métropole Toulon Provence Méditerranée, Laurent Lequilliec est un “clauseur” convaincu. Il l’est d’autant plus qu’avec la Maison de l’Emploi, sa collectivité dispose d’une facilitatrice selon lui indispensable : « La clause d’insertion, nous la maîtrisons parfaitement, dit-il, mais la connaissance du terrain, le contact avec les entreprises et le public sont des atouts dont nous ne pouvons pas nous passer ! ».

Deux bras armés

Et avec le service de la cohésion sociale territoriale de la MTPM, la collectivité dispose ainsi de deux “bras armés” selon lui essentiels, il en est convaincu : « Nous n’assurons pas l’exécution des marchés sur le terrain et ce n’est pas le rôle d’une direction de la commande publique focalisée sur les procédures de passation. La facilitatrice et le service de la cohésion sociale territoriale nous sont indispensables, car sans eux la mise en œuvre des clauses d’insertion serait carrément impossible ».

Trop perfectionniste ? Certainement pas, car l’analyse qu’il partage avec la Maison de l’emploi lui permet d’avoir une vision très précise des attentes des entreprises et des besoins du public, il peut ainsi optimiser le dispositif : « Nous savons parfaitement que les seuls marchés de travaux sont loin d’être suffisants pour que la clause d’insertion produise tous ses effets, constate le chef du service prospective et performance de l’achat de la métropole, car ils laissent sur le bord du chemin trois catégories de publics, et ce n’est pas acceptable ».

Ne laisser personne au bord du chemin

À écouter Laurent Lequilliec, nous pourrions presque penser qu’il est en réalité responsable du marketing de la métropole. Cela vous semble hérétique ? Pourtant, la bonne exécution des clauses d’insertion nécessite une sérieuse analyse des “cibles”, des marchés de l’écosystème et des résultats attendus : « Se cantonner aux seuls marchés de travaux conduit à marginaliser trois types de publics, constate-t-il, et les remontées de la Maison de l’Emploi nous ont permis de les identifier : les jeunes diplômés, les femmes et les seniors ». Autant dire que si rien n’est fait, si les acheteurs ne restent cantonnés qu’aux marchés de travaux, la clause d’insertion sociale manque une partie de la cible, n’agissant pas pleinement pour la lutte contre les discriminations, et en particulier pour la promotion de l’égalité hommes/femmes…

D’où la volonté de Laurent Lequilliec d’élargir la clause à d’autres segments d’achat comme les marchés de maintenance, les prestations support et les prestations intellectuelles. Et cela semble plutôt bien marcher : « Je pense par exemple à un marché d’architecture pour lequel un lot d’aménagement d’intérieur a été isolé, confie-t-il, et comme nous avons la chance d’avoir à Toulon l’ESAD, l’École supérieure d’art et de design, la Maison de l’Emploi, en lien avec le titulaire du marché, a pu identifier une jeune femme qui galérait. Grâce à l’inclusion sociale, elle a pu écrire une première ligne sur son CV ».

Élargir aux autres marchés

© Maison de l’emploi

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Pour le chef du service prospective et performance de l’achat de la métropole, il faut dépasser les limites des marchés de travaux. « La cérémonie de remise des Trophées de la clause qui s’est déroulée à Toulon début octobre en est la parfaite démonstration, insiste-t-il, les deux segments qui ont été récompensés, la catégorie maîtrise d’ouvrage et la catégorie entreprises, ne se limitaient pas aux seuls marchés de travaux, la clause couvrant ainsi d’autres segments d’achat ».

La preuve, c’est que bien avant que la 3e édition du Plan national des achats durables n’impose aux acheteurs de prévoir des considérations sociales, au plus tard en 2025, pour au moins 30 % des marchés notifiés dans l’année, l’ambition politique de la collectivité était claire : « Dès la création de la communauté d’agglomération, fin 2001, les équipes ont commencé à travailler sur l’insertion sociale, se félicite Laurent Lequilliec, et avec le plan de programmation des achats que nous finalisons pour les exercices 2023 et 2024, nous allons très vite disposer d’une parfaite vision de nos prochaines échéances ».

Un Spaser ambitieux

Avec le travail de terrain conduit par la Maison de l’emploi et la Mission locale des jeunes toulonnais, qui ont une parfaite connaissance de l’écosystème du marché de l’emploi, tous deux facilitateurs à leur niveau, les objectifs seront tenus, et même plus, puisque le Schéma de promotion des achats socialement et écologiquement responsables de la collectivité, qui sera conclu avant la fin de cette année, est ambitieux, consacrant tout à la fois les réussites de la Métropole mais aussi poussant les feux de l’inclusion sociale par l’activité économique.

« Mais je ne suis qu’un des maillons de la chaîne, tient-il à souligner modestement, c’est un travail d’équipe, et l’achat doit servir à décloisonner, une approche transversale est obligatoire ». Preuve en est avec les réunions organisées tous les quinze jours avec les services opérationnels et la Maison de l’emploi pour s’assurer de l’efficacité du dispositif toulonnais…

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