Fourmies : un chantier digne de faire école

Matériaux biosourcés, clause de formation des prestataires intégrée au marché de maîtrise d’oeuvre, bâtiment passif, autoproduction de l’énergie et financement partagé… La réhabilitation/extension du groupe scolaire Aragon-Mendès-France de la ville de Fourmies s’impose comme un modèle de la 3e Révolution Industrielle. Recopiage conseillé.

© Ville de Fourmies

Le premier était autrefois l’école des garçons, le second celle des filles… Mais devenus aussi vétustes qu’énergivores et pour partie inconciliables avec les nouvelles normes d’accessibilité, les établissements élémentaires Louis Aragon et Pierre Mendès-France de Fourmies (12 600 hab., Nord) exigeaient désormais de revoir leur copie architecturale.

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En juillet 2019 sont donc lancés les travaux d’un regroupement scolaire au sein duquel l’école Louis Aragon sera réhabilitée et l’école Pierre Mendes-France reconstruite de plain-pied, le tout dans une même exigence durable, territoire démonstrateur Rev3 (ou Troisième Révolution Industrielle) oblige.

Des critères performés

Démonstrateur national ADEME sur la conduite du changement et démonstrateur régional Rev3, Fourmies est en effet engagé depuis six ans dans un programme ambitieux de transition énergétique reconnu à l’échelle européenne. Objectifs : produire 100 % de ses besoins via les énergies renouvelables d’ici 2050 tout en diminuant de 60 % ses consommations.

« Dorénavant reliées, les deux écoles devaient donc impérativement répondre à ces critères, voire les performer », souligne le maire de la ville, Mickaël Hiraux. Et c’est chose faite puisque si la partie rénovée de l’école Aragon obtient le label BBC Rénovation, soit 40 % de gain par rapport à l’existant, l’extension neuve, elle, promet 40 % de moins que le Cepmax (seuil maximal de consommation d’énergie primaire) et 20 % en dessous du Bbiomax (besoin bioclimatique maximal, soit l’exigence d’efficacité énergétique maximale).

Un niveau équivalent à la labellisation « Bâtiment Passif » (Passivhaus) qui s’attache à tous les éléments sensibles du bâtiment (isolation, fenêtres, ventilation, ponts thermiques et étanchéité à l’air). Budget total : 5 millions d’euros, pour 50 % abondés par la dotation de l’État au titre de la politique de la ville.

Une formation intégrée obligée

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Pour s’inscrire dans cette démarche de qualité environnementale performante, la nouvelle école d’ossature bois a d’abord travaillé ses matériaux. Isolation en laine de bois, écoconstruction à partir de bois d’essences régionales financièrement soutenus par la Région… . « Un biosourcing solide nous a permis d’expliciter en détail nos attentes, précaution particulièrement nécessaire pour, par exemple, inciter les entreprises à garantir leurs stocks de bois en amont de leur candidature face à une filière locale encore fragile », précise l’édile nordiste.

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Mais pour réaliser ses objectifs, la commune a aussi consigné une clause inédite à son marché de maîtrise d’œuvre : l’obligation d’une formation intégrée à l’étanchéité de l’air, quel que soit le corps de métier. « Si cette disposition originale entendait d’abord garantir au projet une enveloppe bâtimentaire sans faille, elle visait aussi clairement à soutenir la montée en compétences des entreprises locales », indique l’élu. Tous volontaires, 25 salariés – maçons, charpentiers, électriciens, couvreurs – ont ainsi pu, à même le chantier, bénéficier de ces acquis nouveaux.

L’appel au financement participatif en prêts rémunérés

Enfin, 420 m2 de toitures photovoltaïques ont été posées sur les nouvelles écoles, permettant de produire quelque 85 000 kWh annuels, « soit l’équivalent de la consommation électrique d’une cinquantaine de ménages réinjecté dans le réseau, l’autoconsommation collective n’étant pas autorisée à l’époque », complète Mickaël Hiraux.

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Subventionné à 60 % par l’Europe, l’investissement de 140 000 euros s’appuie également sur le financement participatif des citoyens, une centaine d’habitants de la région Hauts-de-France dont des Fourmisiens qui bénéficieront ainsi des retombées économiques de l’installation : « C’est la première campagne de financement participatif en prêts rémunérés lancée par une collectivité des Hauts-de-France.

Proposé sur 4 ans, le prêt affiche un taux d’usure de 2,23 % (taux maximal s’appliquant aux collectivités) bien supérieur au livret d’épargne et avec la même sécurité », assure le maire qui poursuit : « Applicable à de nombreux projets, le principe de financement citoyen présente plusieurs avantages : élargir les sources de financement bien sûr, mais aussi et surtout fédérer autour d’un projet local et faire pédagogie en impliquant les habitants dans une dynamique solidaire et/ou durable. »

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