Envie Autonomie fait décoller le recyclage des aides techniques

Entreprise d’insertion, Envie Autonomie récupère du matériel usagé, le répare et le remet dans le circuit. En plein essor, l’association, qui vient de lancer une nouvelle agence à Nantes, envisage d’en créer une trentaine d’autres en 2020.

© Epictura / stokkete

Les budgets des Ephad, des hôpitaux et même de la Sécurité sociale vont aimer. Le reconditionnement des aides techniques se développe en France, sous l’impulsion en particulier d’Envie, association et entreprise d’insertion spécialisée jusqu’ici dans la réparation de l’électroménager mais dont la filière médicale est en plein essor. « Nous proposons pour la moitié du prix du neuf du matériel récupéré un peu partout dans les cliniques, les hôpitaux, les services de rééducation, de soins à domicile, chez les particuliers aussi que l’on trie, que l’on répare, aseptise et que l’on livre avec une garantie deux ans », explique Philippe Robin, directeur général d’ Envie Autonomie.

Le 28 novembre dernier, Envie Autonomie ouvrait une antenne à Nantes. 1300 m2 entre atelier, espaces de stockage et d’exposition. Un investissement de 110 000 euros, six salariés, bientôt sept. Depuis l’été, ils ont collecté 900 aides techniques rien que dans le département de Loire-Atlantique, en ont reconditionné une centaine et vendu plus de 100 avec l’aide de l’agence voisine d’Angers.


Créer une véritable filière de recyclage avec les fabricants


Envie Autonomie fonctionne en réseau. Depuis sa création en 2015, Nantes est la huitième implantation, après Rennes, Angers, La Roche-sur-Yon, Nancy, Strasbourg et Saint-Etienne. Montbéliard démarre ces jours-ci. Ensemble, elles auront revendu 2500 aides techniques cette année. Ce sera sans doute plus du double l’an prochain. Les sollicitations arrivent de partout pour ouvrir de nouveaux sites. Même de Guadeloupe. 34 départements l’envisagent pour 2020.


Envie Autonomie s’autofinance à 80 %. Le reste vient de l’Etat au titre de l’insertion. En 2018, elle a bénéficié de 400 000 euros supplémentaires en tant que lauréate du concours French Impact Pionnier qui a pour but d’étendre à la France des initiatives locales à fort impact social. Ils ont servi à créer la coopérative nationale des agences envie Autonomie. Objectifs, entre autres : la mise au point d’une norme AFNOR du matériel médical reconditionné et le lancement d’une franchise Envie Autonomie, respectant non seulement cette norme mais qui engage dans d’autres normes ISO notamment d’amélioration continue de la qualité.


« Nous sommes dans l’air du temps. C’est ce que nous disons aux fabricants de matériels neufs. Joignez-vous à nous pour mettre en place une véritable filière de recyclage et de reconditionnement des aides techniques. A l’avenir, nous aimerions aussi, un peu à la façon du Québec, développer une culture de la location des aides techniques alors qu’il est essentiellement acheté chez nous. Au Québec, il est loué à 40 % ce qui le rend bien plus accessible financièrement aux personnes qui en ont besoin », ajoute Philippe Robin.


Budget soins optimisé


A cet égard, l’association attend beaucoup de l’article 28 du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2020. « Un début », estime Envie Autonomie puisqu’il accepte au moins le remboursement des fauteuils roulants reconditionnés. Mais Envie Autonomie ne vend pas qu’aux particuliers même si ses volumes de production ne lui permettent guère de répondre à de gros appels d’offres.


Julie Boursier, directrice de trois EPHAD publics (187 places au total) dans le Maine-et-Loire a commencé par lui acheter des pièces détachées : des cale-pieds, des accoudoirs de fauteuils roulants. Aujourd’hui Envie Autonomie est devenu un fournisseur habituel de fauteuils, de cadres de marche. « Je ne dépasse jamais les seuils qui m’obligeraient à lancer des appels d’offres, indique Julie Boursier. Simplement, je demande plusieurs devis. C’est ainsi que je m’assure de « dépenser l’argent public à bon escient ». En matière de matériel médical, une fois acquis, nous n’avons que des obligations de maintenance. En dehors de fournir des pièces détachées 25 à 30 % moins cher, Envie Autonomie offre un service de conseil dont profite notre agent technique en interne ».


Dominique Viannay, lui, dirige un EPHAD privé, dans le Maine-et-Loire aussi. Il dit s’être « engouffré dans la brèche » ouverte par Envie Autonomie pour « équiper son établissement à moindre coût ». Complètement libre dans ses achats d’aides techniques, il profite d’économies « de 50 à 70 % » sur le matériel pour consacrer une plus grande part de son budget soins aux dépenses de personnel d’accompagnement de ses résidents. « Budget soins optimisé ! », lance-t-il.

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