Chauffage : le CHU de Poitiers fait feu de tout bois pour réduire sa consommation

En toute logique avec sa certification Iso 50001 décrochée depuis 2016, le CHU de Poitiers cherche à toujours plus optimiser ses dépenses énergétiques. Zoom sur des pistes concernant le chauffage à l’approche de la saison froide.

© Epictura

L’ouverture d’une chasse d’un nouveau genre approche au CHU de Poitiers. Il s’agit de la traque des appareils de chauffage mobiles. « La mobilisation générale pour les éviter va être forte cette année », prévient Dimitri Néel, ingénieur responsable énergie au CHU de Poitiers, qui s’apprête à être plus vigilant que jamais sur les consommations d’énergie, dont celles liées au chauffage. Et ce, alors, que le CHU est depuis 2016 certifié Iso 50001, une norme de gestion de l’énergie en phase avec la Loi pour l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (Elan).

Si l’établissement a réalisé un plan de progrès énergétique de 2 millions d’euros en 2018 qui a notamment conduit à diviser la vitesse de circulation de l’eau chaude par au moins 2 – ce qui diminue la consommation électrique de la pompe par 3 – il poursuit son chemin en se concentrant sur de nouvelles actions directement aux normes exigées par la loi Elan pour 2050.

À tous les étages

Dimitri Néel

Avec une ligne directrice : « L’intérêt de l’iso 50001 c’est qu’on priorise nos actions en fonction des coûts et du retour sur investissement, et on commence par les retours les plus rapides. La plupart de nos actions actuelles permettent un retour sur investissement inférieur à trois ans. On vient de commencer des actions à retour à 5 ans », résume Dimitri Néel. Ainsi, le CHU a d’abord travaillé sur sa chaufferie avec des indicateurs spécifiques, par exemple sur les niveaux de consommation de chauffage par bâtiment et en fonction de la rigueur climatique.

Aujourd’hui, en ce début de saison froide et dans le contexte de la crise énergétique mondiale, tout incite à opter pour des « quick wins » ces gains rapides qui nécessitent quasi aucun investissement (lire notre article du 23 septembre 2022). Et au CHU de Poitiers, de nombreuses propositions ont été adressées à la direction en ce sens. Avec en tête, celle de diminuer la température par exemple à 19 degrés dans les parties administratives, contre plus de 20 jusque-là.

Les salles propres en régime de veille

Dans les salles propres (bloc opératoire, réanimation…), les réglages des réduits devraient être plus resserrés. L’idée étant de « passer immédiatement en régime de veille dès qu’il n’y a plus d’activité », indique Dimitri Néel à propos de « ces salles qui occupent 5 % de la surface totale et pèsent pour 30 % de l’énergie consommée dans l’hôpital. C’est un axe de travail très important. On peut là, avoir des gains rapides sans trop de conséquences sur le confort des usagers ».

Cela nécessite de « coordonner les équipes de soignants, de nettoyage et les techniques. S’il fait -10 dehors, on pourra chauffer, non pas à 19 mais peut-être à 15, voire en dessous si les conditions de respect sanitaire sont remplies », précise l’ingénieur alors que des discussions sont en cours pour décider de la méthode et de la température. « Le staff est prêt, mobilisé, moteur », assure-t-il.

Des relevés tous les 15 jours

Dans les chambres, la surveillance des températures sera désormais plus stricte. Les relevés de températures étaient jusqu’à maintenant effectués tous les mois pendant la saison de chauffe. Désormais, ce sera tous les 15 jours. « L’idée est d’identifier les zones trop chaudes et de les remettre au bon niveau plus rapidement », explique Dimitri Néel.

Plus ambitieux encore, la température du hall d’entrée pourrait être descendue à 17°. Objectif : éviter que les gens ne se découvrent en arrivant dans l’établissement. Fini l’effet ‘coup de chaud’ en passant la porte !

Pédagogie permanente

Pour faire accepter cette rigueur, le CHU compte beaucoup sur des actions de communication. Alors qu’il est possible, grâce aux écrans de pilotage, de repérer les zones les plus chaudes (par exemple du fait d’un convecteur ajouté), l’équipe de maintenance ne compte pas sortir les cartons rouges mais se rendre sur place pour expliquer.

Autre sensibilisation à venir, celle des bonnes pratiques aux équipes de nettoyage, qui ont pris l’habitude d’aérer davantage depuis le coronavirus. Trop durant l’hiver, au regard des calories perdues quand les fenêtres sont longtemps ouvertes.

Last but not least, l’objectif est enfin de démarrer la saison de chauffe le plus tard possible. « Sur quel critère ? Quand les patients râlent. Cela dit, il faut tenir, car parfois on a une nuit froide et le lendemain il fait très beau, donc cela peut réchauffer les pièces et nous faire gagner une semaine ou quinze jours. Et ça change énormément de choses », analyse Dimitri Néel, qui rappelle que le maintien en température est assuré toute l’année dans les zones où les patients sont les plus fragiles comme la gériatrie. Avant d’allumer le chauffage, il faudra de la pédagogie. Reste un fait peut-être plus compliqué à modéliser : combien de temps l’établissement résistera aux éventuelles doléances ?

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